Ma blonde me faisait remarquer récemment à quel point les maudits poteaux et les spaghettis de fils, qui passent au-dessus nos têtes, jurent dans le paysage du bas de Limoilou. À la longue, c’est vrai qu’on finit par s’habituer et ne plus les voir, mais ils sont toujours là, aussi abominables. Certains de ces grands échalas font partie des pires horreurs que je côtoie en marchant avec les corbeaux morts et les écureuils écrasés.
Une chronique de Martin Claveau
Aux dernières nouvelles, enfouir toute cette quincaillerie ne figurait pas au programme de quiconque se présente aux élections municipales. C’est un de ces dossiers, comme les ruelles, auxquels tout le monde a peur de toucher autrement qu’avec une perche de quarante pieds.
Dans les nouveaux quartiers, on a appris de nos erreurs et on enterre la plupart des fils, mais en ville, on vit avec. Dans Limoilou, Saint-Roch et Saint-Sauveur, nous contournons tous les jours, ces poteaux, souvent déglingués et plantés au beau milieu des trottoirs. En plus d’être laids, ils nous forcent à faire des détours avec nos parapluies et sont toujours mal déneigés en hiver. Autant de cicatrices qui empoisonnent la vie des gens de quartiers déjà défavorisés.
La plupart de ceux-ci n’appartiennent pas à la ville, mais trônent sur ses accotements. Ils sont souvent la propriété d’Hydro-Québec ou de compagnies comme Bell.
Pourtant, en ce début de campagne municipale c’est comme si ça n’existait pas. J’entends beaucoup parler d’espace à requalifier et d’apaisement de la circulation, mais pas un mot sur le retrait de ces centaines de poteaux qui polluent nos trottoirs.
Je sais, ça couterait probablement trop cher de s’en débarrasser comme de déménager l’incinérateur d’ailleurs. Étrangement, les coins où il y a des poteaux erratiques, sur les trottoirs, sont aussi ceux où la pollution est la plus importante…
Récemment, on a raté une belle occasion d’enfouir quelques-uns de ces immondes pylônes. Des rues complètes ont été éventrées au centre-ville, mais tous les poteaux sont demeurés en place, eux, comme par magie.
On s’entend, je ne vois aucunement le retrait des poteaux erratiques sur nos écrans radars. Il est peu probable que ces horreurs disparaissent du paysage à moyen ou long terme. Cela convenu, je dis ça et je ne dis rien. Des fois, comme ça, les peinturer de couleurs vives, en faire des œuvres d’art ou pourquoi pas, y sculpter des totems, ça pourrait être des idées qui les rendraient un peu moins déplaisants, non?
Qui sait, ça pourrait peut-être nous amener des touristes dans Limoilou-Sud et nos affreux poteaux emblématiques pourraient, du coup, devenir une inspiration pour créer des aimants à réfrigérateur.
Commentez sur "Les poteaux de trop"