Ce soir à l’Agora du Port de Québec, L’Été de mes chansons réunit une cinquantaine d’artistes autour du répertoire francophone québécois. Parmi les voix attendues, Les Louanges et Mon Doux Saigneur incarnent une relève qui compose en français et mêle les genres.
Par Juliet Nicolas
Le spectacle, pensé comme un hommage à la chanson québécoise, assume ses influences et ses contrastes. On y croise Ariane Roy, Lou-Adriane Cassidy, Lydia Képinski, Naomi, Pierre Kwenders, Rau_ze, Matiu et Hubert Lenoir. Et au cœur de cette mosaïque, deux figures montantes: Les Louanges et Mon Doux Saigneur.
Une belle reconnaissance
Pour Vincent Roberge, alias Les Louanges, participer à un événement comme L’Été de mes chansons, c’est une belle tape dans le dos. « Ça veut dire que je suis considéré dans le paysage musical, que je fais partie de la gang », dit-il avec le sourire. Il parle d’un honneur, surtout de se retrouver aux côtés de vétérans qu’il admire. Même sentiment du côté d’Émerik St-Cyr Labbé, alias Mon Doux Saigneur « C’est la première fois qu’on m’invite à faire un gros show comme ça avec des artistes que j’aime beaucoup. »
Les deux interpréteront ensemble Le dôme de Jean Leloup, accompagnés de Mara Tremblay. « Cette toune-là, elle fait partie de ma vie depuis longtemps », confie-Vincent. Il aime aussi l’idée qu’on peut y mettre sa touche, tout en restant fidèle à ce qu’elle dégage. « S’il y a bien quelqu’un dont les chansons se prêtent à ça, c’est Jean Leloup », glisse-t-il.
Émerik partage cette approche. Il parle d’une énergie brute dans Le dôme, presque urgente, qui demande de la concentration mais invite aussi à se laisser aller.
Aux répétitions, on sent l’effervescence. Reprendre Jean Leloup, ce n’est pas rien. Il y a une pointe de pression qui vient avec le fait de toucher à une chanson aussi forte. Derrière l’enthousiasme, on sent le souci de bien faire. Mais heureusement, l’ambiance est bonne, ça placote, ça rit, et chacun trouve sa place.

Composer en français
Les deux artistes ont en commun un attachement à la langue française. Vincent raconte un déclic au cégep : « C’est don ben absurde qu’on se lève le matin, on rit, on pleure en français, mais on chante en anglais le soir. » Depuis, il ne s’est plus posé la question : « Je chante en français parce que je suis francophone. Je chante en français ma réalité québécoise. »
Émerik évoque un chemin similaire et il défend une écriture qui colle à sa manière de parler. Jouant avec les registres, les nuances, les erreurs de syntaxe assumées : « Quand c’est parlé, c’est aussi bien. On dirait que j’ai pas de malaise avec ça, c’est beau. »

Des figures marquantes
Leur rapport à la chanson traditionnelle est aussi affectif. Vincent parle de Plume Latraverse avec tendresse — un artiste qui le faisait rire enfant et qui continue de le toucher par la justesse de ses textes. Il cite aussi Richard Desjardins, qu’il admire profondément : « C’est du niveau Leonard Cohen pour moi. C’est vraiment élite au niveau de la plume. »
Émerik, lui, se souvient de ses premières émotions musicales : « Mes parents avaient la cassette de La Bottine Souriante. La chanson du quéteux, ça me faisait sauter partout. C’est comme du Eminem, tellement ça va vite. »Il évoque aussi Michel Rivard, dont il interprétait Je voudrais voir la mer : « Je l’ai appris à la guitare, je la chantais à l’école. Quand j’ai entendu la version album, je capotais. »
Une soirée qui rassemble
Mais au-delà des références, chacun a sa propre idée de ce que peut être la chanson québécoise. Vincent le dit avec malice : ce n’est pas forcément un gars à guitare sèche qui ressemble à notre cousin. Et puis, “chanson québécoise”, ça veut dire quoi exactement ? Ce qui compte, c’est qu’elle continue de vivre, chaque jour, portée par des artistes inventifs.
Et L’Été de mes chansons, c’est justement ça : faire vivre cette musique autrement. C’est un pont entre les générations, qui donne aux artistes la liberté de revisiter des classiques. Émerik espère d’ailleurs que le projet ne s’arrêtera pas là… pourquoi pas une tournée ?
Le spectacle affiche déjà complet, mais une webdiffusion en direct sera disponible sur le site de l’événement.
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