La Ville de Québec se revendique comme une capitale culturelle francophone, inclusive et créative. Pourtant, dans le cadre des élections municipales de 2025, la culture peine à s’imposer comme un enjeu central dans les prises de position des partis politiques.
Par Juliet Nicolas
Alors que les débats publics se concentrent sur le transport, le logement et l’itinérance, la culture peine à se faire une place dans la campagne municipale. Les propositions en la matière restent rares, malgré les retombées économiques et sociales bien établies du secteur. Les attentes du milieu, elles, sont pourtant bien présentes.
Parmi les acteurs mobilisés, le Conseil de la culture des régions de Québec et Chaudière-Appalaches joue un rôle central. Il regroupe plus de 200 organismes et 2 500 artistes professionnels. Très actif lors des consultations publiques, il porte les revendications du milieu. C’est à dire plus de soutien, plus de reconnaissance, et une place centrale pour la culture dans les politiques municipales.
Une politique culturelle ambitieuse
Adoptée en novembre 2024 sous l’administration de Bruno Marchand, la Politique culturelle 2025–2030 propose une hausse du budget culturel de 44 à 55 millions de dollars d’ici 2030. Issue d’une vaste consultation, elle repose sur trois axes : le soutien aux artistes et organismes, l’accessibilité dans les quartiers, et le rayonnement de la culture locale.
Bien que la Politique culturelle 2025–2030 ait été adoptée, elle demeure en retrait dans les communications électorales à ce jour. Dans un contexte où les enjeux culturels peinent à émerger dans l’espace public, cette discrétion soulève des interrogations sur la place que la culture pourrait réellement occuper dans les priorités du prochain mandat municipal.
Les engagements des partis politiques
À l’approche des élections, les partis affichent des positions souvent discrètes sur les enjeux culturels. Si certains évoquent la culture dans leurs discours, les engagements concrets et chiffrés restent encore rares et peu détaillés.
La Politique culturelle 2025–2030 a été élaborée et adoptée sous l’administration de Québec Forte et Fière. Bien qu’elle ne soit pas encore explicitement reprise dans la plateforme électorale actuelle, elle offre un aperçu de la vision culturelle portée durant le mandat. Sa mise en œuvre dépendra des décisions budgétaires à venir et de l’engagement que Québec Forte et Fière choisira d’y consacrer, en cas de reconduction.
Le parti Leadership Québec, mené par Sam Hamad, aborde la culture sous l’angle du rayonnement international et de la valorisation du patrimoine bâti. Toutefois, aucune mesure concrète ni engagement budgétaire chiffré n’a été communiqué à ce jour.
Transition Québec, dirigé par Jackie Smith, souhaite faire de la culture un levier de transformation sociale et écologique. Plusieurs engagements ont été annoncés publiquement. Parmi eux : la relance du Réseau des villes francophones et francophiles d’Amérique, avec un financement prévu de 250 000 $ par an. Le parti propose aussi l’organisation d’un sommet triennal, doté d’un budget de 5 millions de dollars. À cela s’ajoute la bonification de la Fête nationale sur les Plaines d’Abraham, estimée à 450 000 $.
Transition Québec évoque également le soutien aux arts communautaires et aux pratiques émergentes. Le parti n’a pas encore publié de chiffrage ni de plan d’action détaillé pour concrétiser ces intentions.
Des engagements encore discrets
Le parti Québec d’abord, dirigé par Claude Villeneuve, reste discret sur les enjeux culturels. Jusqu’ici, ses interventions publiques se sont concentrées sur le tramway et les infrastructures, sans mettre en avant les questions culturelles dans ses priorités affichées.
Respect Citoyens, mené par Stéphane Lachance, adopte une approche de proximité axée sur les services essentiels et la vie communautaire. Le parti valorise la participation citoyenne, mais n’a pas encore publié de mesure culturelle ni chiffrage budgétaire dans les sources officielles;
Enfin Anne Guérette, avec le Parti du monde, met l’accent sur la mobilité et la démocratie locale. Pour le moment, ses interventions publiques ne font pas état d’un positionnement clair sur les enjeux culturels.
Deux autres partis ont manifesté leur intention de participer à la campagne municipale, bien que leur statut officiel ne soit pas encore confirmé.
Priorité Québec, porté par Stevens Mélançon, affiche une volonté de revaloriser les loisirs et la culture dans les arrondissements. Cependant, cette orientation reste déclarative : aucune mesure concrète ni chiffrage n’a été communiqué à ce jour.
Alliance Citoyenne de Québec, dirigé par Alain Giasson reste encore très discret dans les médias. Le parti n’a formulé aucun engagement culturel identifiable à ce jour.
Une culture en quête de reconnaissance politique
À ce stade de la campagne, les plateformes officielles restent incomplètes, mais les orientations publiques offrent quelques repères. Le constat reste clair : jusqu’ici, les partis ont que trop peu évoqué la culture. Ce manque de visibilité interroge la place qu’elle pourrait occuper dans les priorités municipales à venir.
Pourtant, dans une ville qui aspire à devenir une capitale vibrante de la culture, celle-ci devrait s’inscrire au cœur du développement urbain, et non à la marge des décisions politiques.
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