Le chanteur américain Sean Feucht, connu pour ses prises de position politiques controversées, doit se produire à ExpoCité ce vendredi, ce que la cheffe de Transition Québec, Jackie Smith, qualifie de désolant.
Par Alexandre Morin
Sean Feucht est un chanteur chrétien américain, également activiste et fondateur de plusieurs mouvements d’évangélisation et de prière aux États‑Unis, qui entreprend une tournée au Canada pour, dit‑il, « sauver » le pays.
Le magazine The Atlantic rapportait d’ailleurs au début du mois que Sean Feucht est récemment devenu une véritable vedette du mouvement MAGA (Make America Great Again). Il sillonne le pays en organisant des rassemblements où se mêlent des chansons de rock chrétien et des prêches imprégnés de ses convictions politiques conservatrices.
Entre des éloges à Donald Trump, qu’il présente comme « l’élu de Dieu », et des propos assimilant les partisans de l’avortement à des « démons », Feucht défend à plusieurs reprises une fusion assumée entre l’Église et l’État, toujours selon The Atlantic.
Dans plusieurs de ses publications, il qualifie également les mouvements de défense des droits LGBTQ de « mafia » et de « radicaux ».
Le premier concert de la tournée canadienne de Sean Feucht, prévu à Halifax sur un site de Parcs Canada, a été annulé dans la controverse. Cette décision est survenue à la suite de vives réactions et de critiques entourant la présence du chanteur évangélique pro‑MAGA sur un lieu public fédéral.
Sur ses réseaux sociaux, le chanteur a dénoncé la révocation de son permis de se produire sur le site, y voyant une manifestation de haine envers le christianisme. « C’est le scénario classique utilisé par les médias et par les intolérants qui détestent les chrétiens, qui détestent l’adoration », a‑t‑il déclaré dans une vidéo publiée sur Facebook en réaction à l’annulation.
La conseillère municipale du district de Limoilou et cheffe de Transition Québec, Jackie Smith, demande à la Ville de Québec de suivre l’exemple des autorités d’Halifax et d’annuler le concert prévu ce vendredi 25 juillet à ExpoCité.
« Le terrain d’Expocité est un lieu où les familles du quartier se rassemblent, c’est un lieu ouvert où se côtoie une belle diversité de citoyens et citoyennes qui prennent du bon temps dans le parc. Les discours haineux et l’intolérance n’y ont pas leur place. La Ville ne devrait pas rendre disponible ses espaces pour des groupes de propagande qui insultent nos communautés et cherchent à nous diviser sur la base de nos identités. On ne veut pas de cette haine dans nos quartiers », a‑t‑elle indiqué dans un communiqué.
Cette controverse illustre la mince frontière entre la liberté d’expression et la diffusion de propos jugés offensants. Dans un contexte où le président américain menace d’annexer le Canada, voir un chanteur américain venir promettre de « sauver » le pays et être autorisé à se produire sur un terrain appartenant à la Ville soulève inévitablement des questions sur les limites à poser dans l’accueil de tels discours.
Au moment d’écrire ces lignes, la Ville de Québec n’avait toujours pas répondu au Carrefour.
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