L’ancienne conseillère municipale de Montcalm et de Cap-aux-Diamants s’est confiée sur les raisons de son retour en politique municipale.
Xavier Renald
Opposée au projet de tramway, Anne Guérette propose un projet de boucle qui desservirait également Lévis et les banlieues. Selon elle, le tracé du projet est l’élément le plus important.
Le transport comme principale motivation
Si l’architecte qui a été conseillère municipale pendant une décennie a décidé d’effectuer un retour en politique, c’est grandement en raison de son opposition au projet de tramway proposé par la Caisse de dépôt et de placement du Québec (CDPQ). Selon elle, la Caisse est en conflit d’intérêts dans ce dossier étant donné qu’elle est actionnaire d’Alstom, la compagnie qui est censée fournir les voitures qui composeront le futur tramway. CDPQ est en effet le plus important actionnaire d’Alstom depuis l’acquisition de Bombardier par la compagnie française en 2020.
Elle estime être celle qui a étudié le plus rigoureusement le projet de transport et elle n’arrive pas à la même conclusion que la CDPQ dans son rapport, le Plan CITÉ, publié en 2024. Sa proposition : une boucle en site dédié qui dessert à la fois les banlieues de la Ville de Québec et la Ville de Lévis. Selon elle, nul besoin d’acheter de nouvelles machines pour offrir un mode structurant de transport en commun. « Les machines que moi je vois, pour l’instant, ce sont les autobus qu’on a en ce moment. On se paye, collectivement, un tracé structurant qui est au bon endroit, juste ça avec nos autobus actuels, on va transformer la mobilité pour notre ville », dit-elle d’un ton assuré. Le nouveau lien qu’elle propose vers Lévis serait exclusivement réservé au transport en commun.
Réduire la division à Québec
Anne Guérette dénonce le manque d’écoute de la Ville dans plusieurs dossiers, notamment les 18 projets immobiliers récemment annoncés. Elle déplore que ces projets soient approuvés sans référendums auprès de la population. En effet, la Ville de Québec a recours à une disposition de la loi 31, qui permet aux municipalités d’accélérer la construction de logements jusqu’en 2027, en évitant des référendums et en contournant certains règlements d’urbanisme en place.
« Les citoyens sont fâchés, avec raison. Je pense à l’îlot Dorchester, je pense aux 18 projets que le maire veut donner des permis en direct de son bureau, je pense à la piste cyclable qui est déneigée toute l’année sur le chemin Sainte-Foy, aux commerçants qui sont en train de crever dans le quartier Saint-Sacrement. » – Anne Guérette
Celle qui a quitté la politique municipale en 2017 se souvient de nombreux projets soumis à des consultations publiques auxquelles elle a participé avant même son entrée au conseil municipal. Malgré la crise du logement qui a été reconnue par le gouvernement du Québec, elle refuse de céder à la panique en construisant sans réfléchir : « Un bon projet ou un mauvais projet, c’est aussi payant à court terme. Un mauvais projet, ça laisse des traces à long terme », indique-t-elle.
Si elle est élue, Anne Guérette assure qu’elle fera tout en son pouvoir pour réduire la division à l’Hôtel de Ville. À son avis, le climat actuel d’affrontement est évitable et elle a certaines idées pour y remédier : « Mon objectif c’est d’éliminer la partisanerie. Si je suis mairesse, une des premières choses que je vais faire, on va garder les mêmes bureaux mais on va les aménager différemment. On va se placer en rond, on va trouver une façon d’être ensemble, ce face-à-face-là c’est ridicule », promet-elle.
La jeunesse prendra beaucoup de place dans sa campagne
L’ancienne conseillère municipale des districts de Montcalm et Cap-aux-Diamants explique qu’elle souhaite laisser un monde meilleur aux plus jeunes générations. Mère de deux jeunes hommes, elle se désole du legs des politiciens de sa génération.
« Il n’y a plus rien pour les jeunes, qu’est-ce qu’on fait pour eux autres? On dirait que Québec est en train de se transformer en une ville pour personnes âgées. » – Anne Guérette
Elle indique étudier différentes options quant à son ou sa colistier(ère). Pour l’instant, elle ne souhaite pas révéler dans quel district il ou elle se présentera lors de l’élection de cet automne. Pour rappel, Mme Guérette avait choisi de ne pas prendre la place de son colistier Jean Rousseau en 2017. Alors candidate défaite à la mairie, elle avait fait le choix de laisser Jean Rousseau être le seul conseiller du parti Démocratie Québec, qui disparaîtra quelques années plus tard. Depuis, elle a repris les affaires de son père dans l’industrie forestière, ce qui lui a donné un second souffle avoue-t-elle.
Même si elle a annoncé son retour en politique il y a quelques semaines, Anne Guérette entend mener sa campagne plus tard cet automne. Elle préfère ainsi profiter de l’été pour organiser son équipe. Elle promet toutefois des annonces qui viendront principalement à la mi-septembre, au moment où la campagne sera officiellement lancée.
Madame Guérette s’est présentée à la mairie de Québec en 2017 avec son projet-phare de tramway sur René-Lévesque. Elle a ensuite qualifié le même projet de monsieur Labeaume de » catastrophe sociale, économique, environnementale et urbaine « . Ce revirement total crée un sérieux doute sur la valeur et la » durabilité » de son projet de mobilité actuel qui nécessitera la collaboration de nombreuses autorités politiques.