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Claude Villeneuve

Exaspérés, des citoyens se mobilisent pour « sauver » Saint-Roch

Des citoyens n’en peuvent plus de ressentir un sentiment d’insécurité dans le quartier Saint-Roch, aux prises avec d’importants enjeux liés à l’itinérance et à la toxicomanie.

Alexandre Morin

Freddy Correa, résident du quartier depuis plus de dix ans, et Sophie Champagne, qui y travaille dans le milieu de la restauration, disent avoir atteint un point de rupture. Face à ce qu’ils perçoivent comme une dégradation du climat de sécurité, ils estiment ne plus pouvoir rester silencieux.

Ils organisent donc une mobilisation citoyenne le samedi 14 juin à 14 h au Jardin Jean-Paul-L’Allier afin de lancer un cri du cœur aux différents paliers de gouvernement et demander des actions concrètes contre l’insécurité qu’ils disent vivre dans Saint-Roch.

Notre quartier est à bout de souffle.
Toxicomanie à ciel ouvert, insécurité constante, saleté, scènes de crise en pleine rue, commerçants à bout de souffle, enfants confrontés à l’inacceptable, peur de sortir…
Saint-Roch est en train de sombrer et plus personne ne peut fermer les yeux.
Résidents, commerçants, restaurateurs, familles : il est temps de se faire entendre.

Extrait de la publication Facebook de l’appel à la mobilisation

Pour M. Correa, le déclic s’est produit récemment en rentrant du gym, lorsqu’il dit avoir vu deux hommes nus, visiblement sous l’effet de drogues, en plein jour.

« Je sortais du gym et puis le fait d’avoir vu deux itinérants en plein jour, pantalon baissé, en train de se piquer, c’était la fois de trop », raconte-t-il, précisant que cet événement l’a poussé à organiser la marche avec une amie qui a vécu des situations similaires.

Il insiste sur le fait qu’il ne s’en prend pas aux personnes en situation d’itinérance :
« Moi, ce que je dis, c’est pas qu’il faut les éradiquer ou les déplacer. Les gens qui sont dehors, ça m’attriste et je comprends les enjeux. Maintenant, ce qui me dérange, c’est quelqu’un qui ne respecte pas l’environnement ni les autres. En gros, rester dehors, ça ne me dérange pas, mais viens pas chier dans mon hall d’entrée. C’est arrivé plusieurs fois », dit-il.

Cet hiver, un commerçant de la rue Saint-Joseph avait d’ailleurs dénoncé des cas de défécation en public en diffusant une vidéo montrant un homme en train de déféquer devant son commerce, le 15 février dernier.

Bien qu’il reconnaisse certains efforts de la Ville, notamment en ce qui concerne le nombre de policiers dans le quartier, M. Correa, qui travaille lui aussi en restauration, affirme ne pas voir comment les récentes aides financières amélioreront la situation. Il dit ne pas comprendre pourquoi la consommation de drogues semble si tolérée dans les rues.

« La Ville dit qu’elle en fait beaucoup […] pourtant, sur le terrain, je vois toujours des seringues à terre, je vois toujours des gens qui ne se ramassent pas, je vois des gens qui pissent partout », résume-t-il.

« Si quelqu’un se pique en plein jour, est-ce qu’on peut l’arrêter ou l’envoyer au poste ? »

Freddy Correa, qui dit observer une forte consommation de drogues dans le quartier, se demande pourquoi une telle situation est tolérée.

Pour illustrer ce qu’il perçoit comme une dégradation de la qualité de vie, il évoque le cas de son ami Maxime Essiambre, qui a quitté le quartier en 2024 après avoir habité la basse-ville pendant dix ans.

« J’étais tanné de la situation de l’itinérance en basse-ville […] j’ai deux chiens et je me promenais souvent. Devoir faire attention à cause des seringues et de la vitre cassée à terre, j’étais tanné […] j’avais un stationnement intérieur pour ma voiture, il arrivait souvent qu’il y ait des sans-abri qui entraient et dormaient là. J’étais tout le temps stressé d’oublier de barrer ma porte », raconte-t-il. Il affirme que ce sentiment d’insécurité l’a poussé à quitter Saint-Roch pour Lebourgneuf.

Il habitait près de l’escalier du Faubourg, adossé à la falaise, où des itinérants circulaient la nuit.

« À la base, la basse-ville avait toujours été mon quartier de rêve. Le quartier urbain avec les jeunes travailleurs professionnels, t’sais, c’était là que ça se passait, dans la technologie et les autres domaines. C’est là que j’avais toujours voulu vivre. Maintenant, quand je viens dans Saint-Roch, j’ai de l’amertume », ajoute l’homme de 35 ans travaillant en évènementiel.

M. Correa dit également trouver que le quartier manque de propreté actuellement.

De son côté, Sophie Champagne, qui travaille de nuit dans un bar à l’angle de la rue Saint-Joseph et habite à une dizaine de minutes à pied, ne retourne plus chez elle à pied par crainte de se faire interpeller, harceler ou pire.

« En finissant tard le soir, il n’y a pas une chance que je revienne à pied même si je suis à côté. Je prends un taxi. Les itinérants sont de plus en plus violents aussi, donc on se rend compte que c’est sûrement plus un problème de drogue que d’autre chose », affirme-t-elle. Elle dit avoir vu le quartier évoluer au fil du temps, sa mère y tenant une chocolaterie depuis 25 ans.

Elle demande que les gouvernements cessent de faire des demi-mesures pour « mettre un plaster sur le bobo » au lieu de le guérir à la source.

La place de l’Université-du-Québec, dans Saint-Roch, est un lieu où plusieurs personnes en situation d’itinérance se rassemblent.

Le moment marquant pour elle ? Un brunch sur la rue Saint-Joseph, vers 11 h 30, où elle dit avoir été témoin, depuis la terrasse, d’une scène de rapports sexuels en plein jour sur le trottoir.

« C’est pas normal d’aller déjeuner sur une rue comme Saint-Joseph et de voir des gens faire du sexe en plein jour », déplore-t-elle, soulignant selon elle un laisser-aller de la part des autorités et un manque de sécurité évident dans le quartier.

M. Correa et Mme Champagne invitent donc les citoyens du quartier à les rejoindre le 14 juin prochain à 14 h au Jardin Jean-Paul-L’Allier afin d’envoyer un message aux différents paliers de gouvernement et de dénoncer la situation actuelle marquée, selon eux, par l’insécurité, la toxicomanie et un sentiment d’abandon dans Saint-Roch.

Pour plus de détails concernant le rassemblement cliquez ici !

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