La journaliste Alexane Drolet, bien connue des jeunes pour son contenu sur les réseaux sociaux, a annoncé il y a deux jours son départ de Radio-Canada afin de lancer sa propre chaîne YouTube, Alexplique.
Par Alexandre Morin
La jeune journaliste de 27 ans en a fait l’annonce dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux, où elle explique sa décision et partage sa vision de l’avenir de l’information au Québec.
« La raison principale, c’est parce que je pense que le futur de l’information, ça passera pas juste par les médias qui sont en place et les formules qui sont déjà là », affirme-t-elle dans cette vidéo.
Alexane Drolet souhaite ainsi rejoindre plus facilement les jeunes grâce aux réseaux sociaux, sans être contrainte par le cadre réglementaire strict des médias traditionnels. Bien qu’elle comprenne les normes qui encadrent les pratiques journalistiques, comme celles en vigueur à Radio-Canada, elle les voit comme un frein à ses ambitions, notamment celle de mieux rejoindre les jeunes générations. C’est ce qui l’a menée à prendre la décision de lancer sa propre chaîne.
« Il y a des normes extrêmement strictes, puis je les comprends ces normes-là, puis elles sont essentielles. En 2025, je pense qu’il faut quand même donner un peu de lousse à ces grandes normes journalistiques-là qui nous empêchent parfois d’être humains », dit-elle, donnant en exemple qu’à Radio-Canada, elle n’aurait pas pu interviewer un proche en raison des règles de conflit d’intérêts.
« Il y a tout l’aspect du conflit d’intérêts que je trouve très strict. »
Alexane Drolet
Selon elle, la structure des grandes organisations freine les nouveaux venus qui veulent en faire plus. Elle donne en exemple le fait qu’elle n’aurait pas pu interviewer un premier ministre, puisque ce rôle revient, dans la structure en place, aux journalistes affectés notamment à la colline parlementaire.
Sur les réseaux sociaux, dit-elle, la flexibilité est beaucoup plus grande, comme en témoigne l’entrevue qu’a pu réaliser l’entrepreneur Olivier Primeau avec Pierre Poilievre durant la campagne électorale.
« Ce carcan-là est nécessaire et essentiel, mais pas pour moi ni pour mes ambitions. Je me disais : câline, les influenceurs sont en train de nous dépasser, les journalistes et les médias traditionnels », explique-t-elle.
« Je sentais vraiment qu’il y avait un vide au Québec. C’est un écosystème [l’information numérique] qui existe déjà beaucoup en France, aux États-Unis, partout en Europe en fait. Des youtubeurs qui font du gros contenu de qualité sur les réseaux sociaux, sur YouTube, et je me disais que j’avais vraiment envie d’être l’une des premières à le faire au Québec », ajoute-t-elle.
La journaliste souligne s’être découvert une fibre entrepreneuriale dans le processus de décision.
« C’est vraiment une petite fibre entrepreneuriale découverte aussi, de vouloir aller chercher des commanditaires, vouloir comprendre quel modèle d’affaires j’aurai, créer ma propre marque. Tout ça mis ensemble m’a fait dire : je m’essaie, c’est le moment, on s’entend, j’ai 27 ans, ça va bien aller ! »
« Je me suis rendu compte que, dans le fond, j’ai une fibre entrepreneuriale […] je suis une fille qui aime essayer des choses, donc ça aurait été surprenant que je passe ma vie à faire le même métier. »
Alexane Drolet
Comment se sent-elle 48 heures après avoir définitivement quitté un emploi stable dans une organisation reconnue, pour se lancer elle-même sur le web ?
« Je suis vraiment contente de ma décision. Mon nombre d’abonnés a doublé sur Instagram depuis que je l’ai annoncé. Sur YouTube, j’ai rien mis encore et j’ai plus de 6 000 personnes qui me suivent. Je ne comprends pas la vague d’amour que je reçois », témoigne-t-elle, précisant qu’elle prévoit publier son premier contenu dans les prochains jours.
Elle reconnaît toutefois : « C’est beaucoup en 48 h, puis j’assimile pas encore les conséquences de mon choix en ce moment. »
Elle admet également que son choix de vie peut surprendre :
« C’est toujours touché quand t’as 27 ans, puis que t’es une jeune femme, puis que tu dis : c’est parce que j’ai des ambitions. Des fois, c’est tabou. [Les gens disent] “c’est quoi, t’as de plus grandes ambitions que ce que Radio-Canada fait ? Tu ne te prends pas pour de la marde ?” Tsé, il y a tout ça », reconnaît-elle, même si elle dit recevoir beaucoup de messages d’encouragement.
Et sa relation avec Radio-Canada, maintenant son ex-employeur ?
Alexane Drolet tient à rectifier les faits. Bien que sa vidéo ait pu laisser croire à un départ en mauvais termes ou à une dénonciation des méthodes de l’organisation, elle affirme que ce n’est pas du tout le cas.
« C’est important pour moi de remettre les pendules à l’heure : je ne tourne pas le dos à Radio-Canada. »
« Je suis vraiment reconnaissante de tout ce que Radio-Canada m’a appris dans les dernières années. On nous laissait une grande liberté […] Radio-Canada m’a tellement appris », exprime-t-elle.
Elle souligne d’ailleurs l’importance selon elle du diffuseur public pour l’information et ne croit pas que la porte soit fermée entre elle et l’organisation, au sein de laquelle elle a apprécié travailler et apprendre.
Les médias traditionnels sont-ils déconnectés des jeunes générations ?
« Non, ils ne sont pas déconnectés […] ils essaient le plus possible de leur parler aux jeunes, mais le paquebot est dur à tourner », précise la journaliste.
« C’est juste que c’est vraiment difficile de s’adapter aux nouvelles façons de faire, parce que les modèles sont établis depuis des années. Donc, les changer du jour au lendemain parce qu’il y a une nouvelle tendance TikTok, ça ne se fait pas comme ça. »
Comment la diplômée de l’Université Concordia en journalisme compte-t-elle maintenir une rigueur journalistique sur le web ?
« Je vais toujours être très transparente sur ma recherche, sur d’où est-ce que j’ai trouvé mon information. Je vais toujours aussi garder des entrevues, c’est important, donc je vais laisser la place aux experts », résume-t-elle.
En quittant le confort des institutions pour se lancer sur les réseaux sociaux, Alexane Drolet ne cherche pas à fuir le journalisme, mais à le réinventer. Portée par une ambition claire : mieux informer les jeunes là où ils se trouvent, avec plus de liberté et d’authenticité. En contournant les structures rigides du milieu traditionnel, elle embrasse pleinement une aventure entrepreneuriale à son image, assumée et audacieuse.
Pour vous abonner à la nouvelle chaîne YouTube d’Alexane Drolet, Alexplique, cliquez ici !
Pour suivre l’actualité de Québec, rejoignez ce groupe !
Commentez sur "Informer autrement : la journaliste Alexane Drolet trace sa propre voie"