Le Cirque Alfonse revient au Diamant avec La Noce d’Alfonse, un spectacle festif qui revisite les codes du mariage à travers l’art circassien. Jusqu’au 30 décembre, la troupe familiale convie le public à une célébration aussi kitsch que touchante, où acrobaties, musique live et humour débridé s’entremêlent pour célébrer l’amour sous toutes ses formes.
La soirée s’ouvre avant même que les artistes ne montent sur scène. C’est par la salle que la noce fait son entrée, tambours, grosse caisse et planche à laver en tête, vêtue de pastels délicieusement rétro. Cette procession joyeuse, bruyante et assumée donne immédiatement le ton: on ne vient pas assister à un spectacle, mais à une fête. Et comme souvent avec le Cirque Alfonse, la fête se fait en famille.
Le public comme invité d’honneur
D’emblée, le public est invité à entrer dans le jeu. On encourage les spectateurs à faire des câlins à leurs voisins, on les entraîne dans un petit train qui serpente à travers les gradins, et plusieurs rituels de la noce (lancer du bouquet, jarretière, danse en ligne, chaise musicale) sont rejoués avec un plaisir communicatif. L’interaction avec la foule est constante, mais toujours inclusive, sans jamais mettre qui que ce soit mal à l’aise. Ce souci d’hospitalité rappelle que le spectacle vivant est aussi un art du lien. Ce soir-là, la salle n’est pas seulement témoin: elle devient communauté.
Un cirque vivant, assumé et profondément humain
Sur scène, les numéros s’enchaînent avec un rythme soutenu. Acrobaties aériennes, portés, équilibres improbables: il se passe toujours quelque chose, et mieux vaut garder les yeux ouverts pour ne rien manquer. Ce qui frappe dans La Noce d’Alfonse, toutefois, n’est pas la virtuosité technique, bien que certains passages soient impressionnants, notamment les acrobaties aériennes portées par deux femmes dans un entrelacement d’une sensualité rare, l’équilibre sur un fil de fer ou les pointes de danse sur les cols de bouteille. Le spectacle assume ses fragilités, et c’est précisément ce qui le rend attachant. Les artistes ne cherchent pas la perfection absolue, mais une vérité sensible. Le cirque devient un langage affectif où le corps raconte autant que le mouvement. Un langage auquel les ahhhh et les ohhhh de la salle répondent.
L’esthétique kitsch comme langage affectif
La signature Alfonse demeure reconnaissable: une esthétique qui plonge dans les années 1970 avec ses tonalités pastel, ses patins à roulettes et son clavier-guitare, un kitsch assumé qui fonctionne comme un langage affectif partagé. Cette nostalgie douce convoque autant le souvenir des grandes fêtes familiales que celui des veillées d’antan. Et comme toujours, la musique live joue un rôle central, oscillant entre influences antillaises et accents trad québécois.
Impossible aussi de rester indifférent à la présence des enfants sur scène. Loin d’être un simple ajout attendrissant, leur participation s’inscrit dans la continuité de la démarche du Cirque Alfonse, fondé par les Carabinier-Lépine. Leur apparition rappelle la dimension profondément familiale de cette troupe et la force d’une tradition circassienne qui se transmet par le geste.
La Noce d’Alfonse est un spectacle joyeux, généreux et accessible, qui refuse la mièvrerie tout en célébrant l’amour. Il le fait sans masquer l’effort, les maladresses, les négociations et les déséquilibres qui accompagnent toute union. Ce n’est pas un mariage idéalisé, mais une fête où l’on accepte que l’humanité déborde un peu. Et c’est précisément là que réside son charme.
On sort du Diamant avec le sourire, un peu décoiffé par cette noce vibrante. Une chose est sûre: le Cirque Alfonse sait mieux que personne rappeler que la beauté d’un spectacle, et d’une fête, ne réside pas dans sa perfection, mais dans l’élan collectif qui la porte.


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