Suite au gel des subventions aux organismes communautaires, annoncé récemment par la présidente du Conseil du trésor, plusieurs regroupements de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches dénoncent une décision qui met en péril le filet social québécois.
Par Juliet Nicolas
Le 21 octobre, France-Élaine Duranceau a ordonné la suspension de nouvelles subventions destinées aux organismes communautaires. Cette décision concerne à la fois le financement à la mission et les projets spécifiques.
Cette suspension vise à revoir les priorités de financement de l’État. Les ministères doivent maintenant dresser la liste des subventions qu’ils accordent et réévaluer leurs critères d’attribution, ce qui pourrait entraîner des réorientations majeures.
Présentée comme temporaire, cette mesure suscite une vive inquiétude parmi les acteurs du milieu communautaire. Déjà fragilisés par des compressions budgétaires, ces organismes tentent tant bien que mal de pallier les limites d’un réseau public sous pression. Selon eux, en gelant leur financement, le gouvernement risque d’accentuer les tensions dans un système qui peine déjà à répondre aux besoins croissants de la population.
Un signal politique préoccupant
Pour plusieurs intervenantes, cette décision reflète un désengagement envers les organismes communautaires. Karine Drolet, directrice générale du Regroupement des groupes de femmes de la Capitale-Nationale (RGFCA), souligne que « le soutien aux organismes qui répondent aux besoins criants de la population est loin d’être une priorité gouvernementale ». Murielle Létourneau, directrice de La Trocca — un regroupement d’organismes de Chaudière-Appalaches — rappelle que « le filet social est tenu à bout de bras par les travailleurs et travailleuses de ces organismes », qui méritent selon elle davantage de reconnaissance.
Des répercussions sociales et démocratiques
La suspension des subventions survient dans un contexte de crises multiples : logement, itinérance, violences faites aux femmes, urgence climatique. Pour les regroupements communautaires, ces enjeux rendent leur action plus essentielle que jamais. Au-delà des services de base, ils contribuent à la défense des droits humains et à la lutte contre les inégalités. Anne-Valérie Lemieux Breton, du Regroupement des groupes de femmes de la région de Québec – Chaudière-Appalaches (RGF-CN), tire la sonnette d’alarme : « Toute menace au financement des organismes communautaires est une menace à notre démocratie. »

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