Trois candidats défaits de Transition Québec reviennent sur leur expérience électorale, analysent les résultats de l’élection et dévoilent comment ils comptent poursuivre leur engagement.
Xavier Renald
Alors que le parti Transition Québec (TQ) effectuera son post-mortem électoral au cours des prochaines semaines, Martial Van Neste, Marjorie Champagne et Micha Horswill ont accepté de raconter la manière dont ils ont vécu la dernière campagne électorale.
Une campagne concentrée autour des candidats à la mairie
Bien que les élections municipales représentent un moment pour discuter des enjeux relatifs à chaque quartier, les trois anciens candidats ont été surpris de constater le peu d’intérêt porté à l’endroit des districts. « Même quand on faisait du porte-à-porte, les gens nous ramenaient toujours aux enjeux de la mairie », déclare Micha Horswill qui s’est présentée comme candidate dans le district de Cap-aux-Diamants.
« Si les médias nous parlaient, ils nous ramenaient toujours à ce que notre cheffe a dit, alors que moi, toute ma préparation était vraiment basée sur mon district. »
Micha Horswill
Pour Martial Van Neste, candidat dans le district de Maizerets-Lairet, le fait de ne pas avoir pu débattre avec ses adversaires est une déception. « Je me préparais, ça fait des années que je suis impliqué au niveau des conseils de quartiers. J’avais plein de choses à dire et la seule possibilité que j’avais de le faire c’était les portes que je pouvais cogner », se désole-t-il.

Micha Horswill de Transition Québec
Du côté de Marjorie Champagne, candidate de TQ dans le district de Saint-Roch–Saint-Sauveur, l’expérience fut différente : « Très tôt dans la campagne, il y a eu un sondage qui disait que les enjeux principaux pour les citoyens et citoyennes, c’était le logement et l’itinérance, qui touchent particulièrement mon district ».
Elle explique que cette réalité l’a menée à ressentir une certaine pression. « J’étais partagée entre les sentiments de “oh my god”, ma responsabilité vient de décupler, il faut que je trouve de bonnes solutions, que j’ai de bonnes propositions, solides, parce que ça compte encore plus pour l’élection à la mairie », confie celle qui a terminé deuxième dans Saint-Roch–Saint-Sauveur avec près de 26 % des appuis.
Une vague Marchand
Le maire sortant Bruno Marchand a récolté 49,42 % des votes lors de l’élection du 2 novembre. De plus, son parti de Québec Forte et Fière a fait élire 18 conseillers municipaux sur une possibilité de 21.
Selon les ex-candidats de TQ, plusieurs personnes ont voté contre certains candidats plutôt que pour l’équipe de Bruno Marchand. « Je pense qu’il y a eu une poussée de Marchand,[et de son équipe], par réaction à ceux qui étaient vraiment anti-tramway, anti-vélos, anti tout ce que tu pouvais être », analyse Martial Van Neste. « Je pense que le vote stratégique pour bloquer ceux qui étaient plus de droite a été très fort », renchérit Marjorie Champagne.

Micha Horswill croit pour sa part que le résultat s’explique en partie par l’historique du comportement électoral des citoyens de Québec. « Quand on regarde les cent dernières années, à chaque fois qu’un maire est élu, quand on arrive au deuxième mandat : c’est la vague. Peut-être qu’il n’y avait pas grand-chose à faire contre cette vague-là », soulève-t-elle.
En effet, depuis l’élection de Lucien-Hubert Borne en 1938 aux dépens de Joseph-Ernest Grégoire, les maires sortants qui se sont présentés à leur réélection ont remporté leur pari à toutes les occasions.
Mme Horswill souligne également la méconnaissance du mode de scrutin municipal de la part de nombreux électeurs. À son avis, il s’agit d’un enjeu important qui nuit aux candidats aux postes de conseillers : « Il y a très peu de gens qui se souviennent de comment on vote au municipal donc il faut toujours rappeler aux gens que moi je suis là pour le district. »
Quelle sera la suite pour Transition Québec?
Alors que l’élection de 2021 avait permis à TQ de faire son entrée au conseil municipal, celle de 2025 marque la fin de cette aventure. Avec la perte du district de Limoilou, le parti ne sera pas présent au conseil municipal pour les quatre prochaines années.
La cheffe du parti Jackie Smith a elle-même perdu des appuis à la course à la mairie, passant de 5,86 % en 2021 à 4,12 % en 2025. Après sa défaite, elle a indiqué devoir prendre du temps pour soi et ne pas savoir si elle poursuivra dans son rôle de cheffe de TQ.
« Transition Québec, ce n’est pas juste Jackie Smith. »
Martial Van Neste
Néanmoins, les trois anciens candidats entendent continuer à faire avancer leurs idées. « Que ce soit dans les syndicats, dans les conseils de quartier, dans les assos étudiantes, il y a plein d’autres plateformes pour faire voyager les idées qu’on porte », assure Marjorie Champagne.

De son côté, Micha Horswill est encore animée par son projet de mise sur pied d’une épicerie coopérative dans le Vieux-Québec, qu’elle a proposé durant la campagne électorale. « C’est un projet qui peut tout à fait aller de l’avant sans que je sois élue » soutient la géophysicienne, qui indique avoir rencontré plusieurs personnes intéressées à l’aider avec ce projet durant la campagne électorale.
Pour M. Van Neste, le meilleur moyen pour que le parti demeure pertinent pour les quatre prochaines années est « d’augmenter l’enracinement dans les organisations ». Il entend d’ailleurs se faire élire au sein de son conseil de quartier au cours des prochains mois.
Reste à voir si le parti tel qu’on le connaît sera sur la ligne de départ en 2029 pour la prochaine campagne électorale.

Commentez sur "Des candidats de Transition Québec déplorent le peu d’intérêts pour les enjeux de districts"