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Transport demandé

Moby Dick Marchand

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Je manque des bouts, mais ça doit être comme ça quand on vieillit. Je discutais récemment avec un candidat du parti Respect Citoyens de propositions un peu radicales de sa formation et j’avoue que je ne comprends pas trop. Certes, ces gens sont en colère, mais je peine à décoder les raisons qui la motivent.

Une chronique de Martin Claveau

Le parti, Respect Citoyens, a des assises en banlieue, ce qui parait, quand même, légitime. Ses ténors accusent Bruno Marchand d’avoir gouverné pour le Centre-Ville en multipliant les pistes cyclables, les rues piétonnes et en poursuivant un projet de tramway, qui ne commence jamais et dont personne ne veut, selon eux. On critique aussi la réfection d’infrastructures dues depuis 15 ans, en soutenant que ça nuit aux commerces, d’avantage que Costco et Wal Mart ensembles. Selon eux, l’ami Bruno serait corrompu et aurait mis de l’argent dans ses poches en abusant de son compte de dépenses. Il insulterait les citoyens à répétition et ne les écouterait jamais. Bref, le maire n’en ferait qu’à sa tête et détournerait la démocratie à son avantage, rien de moins…

 Je ne suis pas vraiment une « cheerleader » de Bruno Marchand, mais, à ce que je vois ces jours-ci, ce sont plutôt des citoyens qui l’insultent à répétition. Sur les réseaux sociaux, on le traite de toute sorte de sobriquets affectueux tels que « shoeclaque », « crosseur » ou pourri.  De mémoire, je n’ai jamais eu connaissance de commentaires du genre de M. Marchand, envers des citoyens, alors je ne comprends pas trop la portion « insulte », du discours, mais bon, je me fais vieux et je dois en manquer des bouts, comme je disais plus haut.

Cela dit, l’endroit où le maire semble le plus populaire demeure, justement, le Centre-Ville, qui a pourtant été la principale « victime » de toutes ses « maudites mesures gauchistes et écologiques » selon des commentaires que je lis et que j’entends de gens qui s’affichent comme partisans de Respect Citoyens.  

On pourrait croire que ces gens des banlieues se sentent oubliés. On comprendrait qu’ils en ont marre que l’argent se dépense en ville et qu’ils réclament leur part du gâteau, qu’ils veulent avoir, eux aussi, des Àvélos.

Et bien non!  Ce qui me surprend du discours « respiciste », c’est qu’il est altruiste. Les gens de Respect Citoyens ne veulent pas plus de choses pour eux.  Ce qu’ils veulent c’est effacer l’empreinte Marchand incrustée, au «Ventre-ville », endroit où ils ont,  en fin de compte, peu de chance d’obtenir des sièges. Cette fameuse empreinte ne les touche finalement pas tant que ça, quand on y pense.  À plus forte raison, quand le chef du parti paie ses taxes sur la rive sud, mais bon, je m’écarte ici. En fait, on veut tellement effacer la trace de Bruno Marchand que ça devient une obsession. Tout ça me rappelle un peu le livre Moby Dick d’Herman Melville, que je ne finis jamais par finir, mais qui se termine plutôt mal…

Donc, si je résume le fonds de commerce de Respect Citoyens avec un soupçon de mauvaise foi: des gens qui habitent, en majorité, en banlieue ou sur la rive sud, veulent démantibuler des pistes cyclables et empêcher la construction d’un tramway, dans des secteurs qu’ils n’habitent pas, mais qu’ils fréquentent pour travailler ou pour venir manger au restaurant… Bon, je simplifie évidemment trop le programme du parti. Il a droit de cité et j’admets que certaines idées ont des fondements. Mon constat, par contre, est que certaines de ses ouailles veulent juste continuer à circuler en ville, comme bon leur semble et tout ce qui peut nuire à leur passage doit être éliminé. Ils réclament un genre de « droit de cuissage », sur des rues qu’ils n’habitent pas, parce qu’ils payent des taxes.

Au fond, peut-être, ces gens ne veulent pas nous sauver de Bruno Marchand, mais plutôt nous sauver de nous-même et d’une odieuse façon de vivre. Au passage, ils veulent aussi foutre un paquet de monde dehors, au RTC et à la Ville, parce que ces gens ne serviraient à rien.

Ce qui est un peu difficile à suivre pour pleins de gens qui habitent en ville comme moi, c’est que les mesures qui sont tant décriés y sont, somme toute, assez appréciés. Bien sûr, tout n’est pas cautionné et bien du monde a des réserves sur les choix de Bruno Marchand, mais en général, ce n’est pas si pire que ça de vivre en ville, depuis qu’il est en poste.

Je dis ça et je ne dis rien, mais quand je constate toute cette colère, ça me rappelle, un peu, ces gens au sud de la frontière qui ont voté pour un gars avec la face orange…

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