Au fil de mes lectures…             

Livres sur une étagèrePhoto : Gabriel Côté

Saviez-vous que… les rencontres internationales donnent toujours lieu à des mondanités de toutes sortes, et que les deux Conférences de Québec[i], qui ont eu lieu au Château Frontenac entre le 10 et le 24 août 1943 et entre le 11 et le 16 septembre 1944 n’ont pas été en reste à cet égard, particulièrement la première rencontre, appelée Quadrant : dîners officiels, cocktails, partie de pêche au Lac à l’Épaule, tour de l’île d’Orléans, visite aux chutes Montmorency, tour de la ville de Québec, etc.? Churchill s’est même rendu aux chutes Niagara, avant d’aller à Hyde Park, la résidence d’été de Roosevelt, dans l’État de New York.

Une chronique de Pierre Drolet

Néanmoins, cette première Conférence, de loin la plus importante et qui a eu lieu en plein milieu de la Deuxième Guerre mondiale, a été organisée dans un climat mondial tendu et a suscité des mesures de sécurité exceptionnelles : les militaires érigent des batteries antiaériennes aux abords de la Citadelle, posent des canons près de la statue de Champlain et de la rue Saint-Denis et dressent des barbelés devant une section du Château Frontenac. De plus, l’aéroport de l’Ancienne-Lorette abrite des avions de chasse, et des artilleurs installent leurs tentes jusque sur la terrasse Dufferin.

Cette conférence a constitué en quelque sorte le coup d’envoi de la défaite de l’Axe. On y passe en effet de l’acceptation à la phase de préparation de l’opération Overlord, le débarquement des troupes alliées en Normandie. On s’entend aussi sur un débarquement en Afrique du Nord et on convient que le débarquement de Provence aura lieu après celui de Normandie. On décide également de la poursuite des bombardements stratégiques intensifs sur l’Allemagne et de ceux du territoire nippon. On s’accorde enfin pour poursuivre les recherches sur la bombe atomique, auxquelles participera le Canada, prélude au largage des bombes nucléaires sur Hiroshima et Nagasaki.

La deuxième Conférence de Québec, appelée Octogon, aura moins d’importance, et la sécurité y sera très réduite par rapport à celle de la première Conférence, car à cette époque, les Alliés progressent sur tous les fronts. On y discute encore du conflit avec le Japon, mais les sujets politiques prédominent. On parle beaucoup du démantèlement de l’industrie militaire de l’Allemagne, de sorte que la réunion devient pour ainsi dire le prélude à Yalta et à Postdam, les deux rencontres internationales qui ont contribué à la réorganisation des puissances mondiales de l’après-guerre et déterminé le sort de l’Allemagne. 

Un magnifique monument à la mémoire des deux Conférences de Québec est érigé près de la porte Saint-Louis, à Québec. Il ne comporte que les bustes de Churchill et de Roosevelt, car le premier ministre canadien King n’agissait alors que comme hôte des Conférences, même si on lui a permis de participer à certains pourparlers, particulièrement à ceux sur les recherches concernant la bombe atomique.


[i] Voir, entre autres documents, Churchill et Roosevelt à Québec. Grande et petite histoires des conférences de 1943 et de 1944. Charles André Nadeau. Les Éditions du Septentrion, 2024, 248 p.

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