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Claude Villeneuve

Le maire qui a défié le statu quo : Bruno Marchand garde le feu sacré

Bruno Marchand
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Coopérative funéraire des 2 rives

Inconnu du grand public avant 2021, Bruno Marchand avait déjoué les pronostics en remportant la mairie de Québec. Quatre ans plus tard, il s’est imposé comme un maire qui a insufflé un vent de changement, notamment en matière de mobilité et d’aménagement du territoire. Aujourd’hui reconnu à l’échelle provinciale, il affirme avoir plus que jamais le feu sacré pour briguer un second mandat.

Par Alexandre Morin 

C’est indéniable : le premier mandat de Bruno Marchand a marqué un tournant dans le paysage de Québec. Corridors VivaCité, aVélo, taxe sur l’immatriculation, patinoires réfrigérées, accélération de la construction de logements, rues partagées, réaménagement d’artères… Plutôt que de miser sur de grands projets emblématiques comme le Centre Vidéotron, Québec Forte et Fière a orienté son action vers des transformations concrètes, axées sur l’amélioration de la qualité de vie dans les quartiers.

Logement : le nouveau cheval de bataille de Bruno Marchand

Si la première moitié du mandat a été marquée par les enjeux de mobilité, c’est désormais la construction de nouveaux logements qui s’impose comme le cheval de bataille de Bruno Marchand. À Québec comme ailleurs dans la province, la crise du logement frappe de plein fouet.

« Le logement, on a renversé une tendance que d’autres villes ne sont pas capables de renverser. On a la plus grande croissance [des mises en chantier] au Canada et on a réussi à le faire en étant capable de respecter les capacités », exprime le maire de Québec, qui considère l’accélération de la construction de logements comme l’une de ses plus grandes réussites.

Pour y parvenir, son administration a mis le pied sur l’accélérateur, notamment en utilisant la Loi 31, qui permet aux municipalités de simplifier et d’accélérer l’approbation des projets résidentiels. Québec s’en est servie pour faire avancer plus rapidement plusieurs chantiers, en ciblant notamment les logements sociaux et abordables.

« Je suis fière aussi de ce qu’on a fait en logements sociaux et abordables, plus de 2 300 en 4 ans, on n’a jamais vu ça à Québec. »

Bruno Marchand, maire de Québec

La Ville a également procédé à des ajustements réglementaires, notamment en modifiant certains plans particuliers d’urbanisme afin de permettre une densification accrue. À l’îlot Dorchester, par exemple, le maire a autorisé la construction d’une tour de 17 étages, bien que le PPU en vigueur limitait la hauteur à 10.

Cette décision, qu’il qualifie parmi les plus difficiles de son mandat, illustre selon lui la nécessité de faire des compromis. Il affirme croire le promoteur, Groupe Trudel, qui soutient que le projet aurait été financièrement irréalisable sans cette augmentation de hauteur, en raison notamment de la flambée des coûts de construction.

« Si on avait dit aux gens que ça allait être un 10 étages, il n’y aurait pas de projet en ce moment », exprime le maire.

« Dans Saint-Roch, l’apport économique que ça va amener, c’est super important. On a besoin d’amener du monde dans Saint-Roch. On l’a vu, la désertion des bureaux fait en sorte qu’on a un enjeu de vitalisation », ajoute-t-il.

Le maire rappelle enfin que la construction en hauteur contribue à freiner l’étalement urbain, réduisant ainsi la pression sur les milieux naturels et proposant une approche plus durable à la crise du logement.

À Québec, les mises en chantier explosent : en mai, elles ont grimpé de 219 % par rapport au même mois l’an dernier, avec plus de 2000 logements, soit près du tiers du total provincial. Depuis janvier, environ 3600 unités ont été lancées, dépassant déjà l’ensemble de 2024.

Mobilité active : une radio qui crie fort, une majorité silencieuse

À Québec, l’aménagement de pistes cyclables demeure un sujet polarisant. Bruno Marchand pointe du doigt une radio en particulier, CHOI radio X, qu’il accuse d’exagérer les effets des corridors cyclables sur la circulation et le stationnement. Selon lui, c’est ce discours amplifié qui explique pourquoi le sujet suscite autant de grogne dans la population, même si les impacts réels sont bien moindres que ce qui est véhiculé.

« Parce qu’il y a une radio, entre autres, qui fait son pain et son beurre à taper là-dessus. Tout ce qu’ils veulent, c’est le statu quo. Parce qu’ils font accroire aux gens que ce qu’on a fait sur la mobilité active, c’est qu’on enlève de l’espace aux automobilistes », répond le maire lorsqu’on lui demande pourquoi le réseau cyclable suscite autant de critiques.

Il rectifie les faits : « Dans le portrait […] ce qu’on accorde à la mobilité active et au vélo, c’est infiniment minoritaire. »

Le maire rappelle, que ce soit en termes d’espace sur la voirie ou de financement, que la part consacrée au vélo demeure très marginale. « À Montréal, c’est 2 % de l’espace qui est accordé aux cyclistes, à Québec c’est pas mal moins que ça. »

Il promet d’ailleurs de rendre publiques des données pour appuyer ce constat.

Le maire défend sa vision : aménager pour tous les usagers, c’est aussi favoriser une meilleure fluidité du transport en général.

« Si on veut de la mobilité pour tous, il faut permettre à tous les usagers de se déplacer, et c’est gagnant pour les voitures aussi […] Quand Sam Hamad dit : je vais enlever les pistes cyclables, quand ses candidats disent : on n’est pas d’accord avec la mobilité active, quand t’enlèves ça, les gens qui sont sur la rue ou en vélo, en micromobilité, tu les mets où? Ça veut dire que tu les mets, entre autres, dans un char », illustre Bruno Marchand, liant le développement du réseau cyclable à la lutte contre la congestion, leitmotiv de sa vision de la mobilité.

Le maire de Québec savait que l’implantation des corridors VivaCité, pièce maîtresse de la Vision de la mobilité active, allait susciter des réticences à court terme. Mais il a tout de même choisi d’aller de l’avant, convaincu qu’il s’agissait de la bonne décision pour l’avenir de la ville et les générations à venir. Et selon lui, ces aménagements portent déjà fruits.

« Le but, c’est pas de prendre des décisions impopulaires, au contraire tant mieux si c’est populaire, le but c’est plus de dire ne pas sacrifier le long terme pour quelque chose qui, à court terme, peut être vu un peu avec réticence », explique Bruno Marchand pour justifier son choix d’aller de l’avant malgré les critiques.

Les corridors VivaCité sont des axes cyclables sécuritaires aménagés par la Ville. On y retrouve du marquage au sol, des bollards, parfois des bordures en béton et des feux adaptés pour les cyclistes. Ils sont entretenus l’hiver et visent à créer un réseau utilisable à l’année dans tous les quartiers.

Le premier corridor VivaCité a été implanté sur le chemin Sainte-Foy en 2023. Évolutif au départ, il a reçu cet été ses premières infrastructures permanentes : des quais d’embarquement d’autobus.

Les corridors VivaCité ne sont pas seulement des aménagements favorisant l’utilisation du vélo, mais aussi des outils pour sécuriser les axes où ils sont implantés, en apaisant notamment la circulation, explique Bruno Marchand, citant en exemple celui du chemin Sainte-Foy.

« Le ralentissement qu’on a observé sur le chemin Sainte-Foy en vitesse, 16 km/h de moins avec l’aménagement de la Ville, a fait en sorte d’avoir plus de piétons sur le trottoir, autant d’argent, un petit plus même d’argent dans les [poches des] commerçants, c’est pas la seule cause, mais la catastrophe annoncée que les commerces allaient fermer n’est pas arrivée. La catastrophe annoncée que ça allait être des bouchons de l’Université Laval à la colline parlementaire n’est pas arrivée non plus. La vitesse a baissé, les gens circulent et la vie est belle », se réjouit le maire.

Rues conviviales

Le maire n’est pas seulement accusé de mener une guerre à l’auto en raison des pistes cyclables, mais aussi en raison des nombreux réaménagements de rues dans différents quartiers. Qu’il s’agisse de la plantation d’arbres, de l’ajout de mobilier urbain ou de l’élargissement des trottoirs, comme sur la 4e Avenue dans Limoilou ou la rue Boisseau dans Saint-Sauveur pour ne nommer que celles-ci, ces interventions entraînent souvent le retrait de places de stationnement.

« Ce n’est pas idéologique, c’est en réponse à des besoins. »

Bruno Marchand, maire de Québec

Des aménagements que Bruno Marchand défend, affirmant qu’ils visent à améliorer la sécurité et le verdissement, et qu’ils sont appuyés par les résidents des quartiers.

« L’objectif, c’est jamais d’enlever du stationnement, contrairement à comment on nous dépeint », affirme le maire. « Dans tous les quartiers, [les citoyens] nous parlent de sécurité routière, les gens nous disent qu’ils sont parfois inquiets pour leurs enfants. »

Il donne en exemple les saillies de trottoirs installées dans Limoilou, dont l’implantation a entraîné le retrait de certaines places de stationnement, mais qui permettent d’augmenter la visibilité des piétons, de renforcer la sécurité et d’apaiser la circulation.

« Oui, t’as un 10-15 % de gens, notamment nourris par une radio, qui font comme “oh mon Dieu, on a enlevé trois places de stationnement dans Limoilou”. Bien peut-être, il y en a d’autres ailleurs, mais les citoyens autour de ça sont contents. Eux autres, on ne les entend pas crier, ils sont satisfaits », exprime le maire.

Selon lui, les réaménagements qui entraînent parfois le retrait de stationnement font beaucoup de bruit auprès d’une minorité bruyante, mais sont bien accueillis par une majorité silencieuse, satisfaite de l’ajout de verdissement et de mesures comme les saillies de trottoirs, qui visent à accroître la sécurité des piétons dans les quartiers.

« On a encore, des fois, cette impression où on voudrait se parker dans la vitrine du magasin ou du restaurant où on va. Je m’excuse là, mais quand on va au centre d’achat, quand on va dans un power center, on marche. Il n’y a personne, au Decathlon ou au IKEA, qui se parque dans le IKEA. Un samedi après-midi, vous vous parquez à 500 mètres du IKEA », illustre le maire, pour souligner ce qu’il perçoit comme un certain double standard dans les critiques entourant le retrait de stationnements devant les commerces en ville.

Il ajoute qu’avec les gabarits actuels des rues de quartier, il est tout simplement impossible d’ajouter du verdissement et d’améliorer la sécurité pour tous les usagers sans, parfois, faire des compromis et retirer des espaces de stationnement.

Dans un prochain mandat, Bruno Marchand compte bien continuer de réaliser des réaménagements, souvent effectués lorsqu’il faut déjà intervenir sur les aqueducs. Plantation d’arbres, élargissement des trottoirs, remplacement de l’asphalte par du pavé : autant de mesures souvent intégrées à ces projets, même si elles lui valent parfois des accusations de mener une guerre à l’auto. « Améliorer une ville, ça a un coût parce que ça veut dire devoir briser le statu quo », lance-t-il.

La rue Boisseau, a été réaménagée entre Durocher et Saint-Germain, avec l’ajout de bandes de verdissement, la plantation d’arbres et l’élargissement des trottoirs. Dans Saint-Sauveur, les rues Bagot et Saint-Benoît ont aussi été réaménagées, pour un total de 66 nouveaux arbres. L’objectif de l’administration Marchand est de sécuriser les parcours piétons et de lutter contre les îlots de chaleur. Au total, ces trois projets ont entraîné la perte d’une quarantaine de places de stationnement.

« Ce n’est pas une volonté de Bruno Marchand, c’est la volonté des citoyens qui disent : sécurisez nos quartiers, rendez-les plus paisibles. Je veux que mes enfants se rendent à l’école à pied, je veux qu’ils soient en sécurité, je ne veux pas être inquiet comme parent. Je veux que les personnes âgées puissent traverser la rue », souligne le maire, en reprenant ce qu’il entend régulièrement sur le terrain. Il donne en exemple qu’une simple saillie de trottoir peut contribuer à réduire la distance à traverser pour les enfants et les aînés.

Prêt pour une deuxième campagne… énergisé par l’amour !

Bruno Marchand affirme avoir toujours le feu sacré pour représenter les citoyens de Québec à titre de maire. Québec forte et fière a maintenant complété son équipe, que le chef décrit comme variée, compétente et talentueuse, et dont il se dit très fier.

Le maire l’assume : les changements qu’il a amenés à Québec étaient nécessaires pour l’avenir, même s’ils ont pu susciter du mécontentement à court terme.

« Tu ne peux pas donner un élan à une ville si tu te dis qu’elle va rester pareille, puis d’autant plus dans un contexte où elle est appelée à changer, où les demandes citoyennes sont très, très présentes », souligne Bruno Marchand.

Bruno Marchand en compagnie du candidat de Québec forte et fière dans le district de Limoilou, Raymond Poirier.

« C’est plus facile d’avoir un mandat pépère, si on fait rien, si on fait juste le quotidien. Si on regarde tout ce qui nous touche en ce moment, le contexte géopolitique, le contexte économique, le contexte climatique, le contexte social, bien c’est sûr que si on ne veut pas faire de vagues, on se retrouve avec une ville qui ne changera pas beaucoup. Et dans 5 ans, 10 ans, 15 ans, on fera face à des problèmes et là, ça va être difficile », exprime-t-il.

« C’est sûr qu’amener une transformation, ça fait bouger les choses. Les gens se questionnent : est-ce que c’est ça qu’on veut ? Ça nous bouscule dans notre quotidien, c’est pas simple. Alors pourquoi revenir ? Parce qu’on a fait beaucoup en quatre ans, plus que ce que je pensais. Pour un premier mandat, c’est exceptionnel. Est-ce qu’on a tout fait ? Pas du tout. Il reste beaucoup à faire et j’ai le feu sacré », poursuit Bruno Marchand.

Comme dévoilé dans les médias, l’animatrice Monique Néron a récemment officialisé sa relation amoureuse avec le maire de Québec. Bruno Marchand confirme cette nouvelle et dit cautionner le fait que cela soit rendu public, considérant sa fonction politique et le rôle médiatique de Mme Néron.

En amour et en campagne électorale, le maire s’exclame : « Ça donne des ailes ! »

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