La Bordée, en coproduction avec Vénus à Vélo, présente La Délivrance, une pièce de Rosalie Cournoyer. Jusqu’au 11 octobre 2025, le public pourra redécouvrir cette œuvre singulière, récompensée par le prix du Meilleur texte original des Prix Théâtre.
Par Juliet Nicolas
Rosalie Cournoyer a commencé à écrire La Délivrance alors qu’elle était encore étudiante au Conservatoire. Inspirée par la crise du verglas de 1998, elle imagine un huis clos familial dans une ferme isolée, en Montérégie, dans sa région natale. «Je me suis dit : qu’est-ce que ça fait quand on force les gens à être ensemble ?», raconte-t-elle. Une interrogation qu’elle formulait bien avant d’avoir elle-même vécu le confinement lié à la pandémie.
Peu à peu, son écriture se recentre sur les femmes. «Je voulais parler de la maternité, de l’allaitement, des relations entre les femmes d’une même famille.» Pendant la pandémie, elle se forme comme accompagnante à la naissance, renouant avec une passion longtemps mise de côté. La Délivrance naît de cette double impulsion et aborde la maternité sans idéalisation.
De plus, l’autrice y rend aussi hommage à la langue québécoise des milieux ruraux où elle a grandi. Elle puise ainsi dans les expressions imagées de sa grand-mère et dans les tournures entendues au quotidien.
De Premier Acte à La Bordée
Présentée pour la première fois à Premier Acte en 2023, La Délivrance offrait une immersion plus dense. « C’était plus lourd à recevoir », confie l’autrice. À La Bordée, la pièce gagne en amplitude et en légèreté.
En effet, passer de Premier Acte à La Bordée, c’est aussi bénéficier de conditions de production plus stables. Pour une compagnie comme Vénus à Vélo, qui fonctionne par projet, chaque création dépend de demandes de financement spécifiques. « Parfois, on est pris dans une programmation, mais on ne sait pas encore si on pourra financer le spectacle », explique Rosalie. À La Bordée, l’accès à une salle dédiée et le soutien d’un coproducteur permettent à l’équipe de se concentrer sur l’essentiel : le travail artistique.
En outre, Michel Nadeau, directeur artistique, insiste sur l’importance de soutenir les jeunes compagnies : « Il est essentiel pour La Bordée d’offrir à de jeunes artistes la possibilité de prolonger la vie d’une œuvre réussie. »

La compagnie Vénus à Vélo
Vénus à Vélo est née de la rencontre entre quatre artistes. Leurs créations revendiquent la douceur et la vulnérabilité comme des postures engagées, tant dans le processus que sur scène.
Par ailleurs, leur prochain spectacle, Arnaud pour Justine, en coproduction avec Nous sommes ici, sera présenté au Théâtre Périscope au printemps 2026. Il abordera l’assistanat sexuel. Un sujet encore peu exploré au Québec, à travers une approche mêlant fiction, documentation et réflexion sociale.
En parallèle, Rosalie développe des projets qui prolongent ces réflexions. Comme par exemple le balado Parentel. Ce dernier explore les parentalités choisies, les formes de famille alternatives et les liens affectifs hors des cadres conventionnels.
La Délivrance est à l’affiche à La Bordée jusqu’au 11 octobre, les billets sont disponibles sur le site de La Bordée.
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