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Claude Villeneuve

Défaite digérée, Julie Vignola envisage déjà un retour

Photo: page Facebook Julie Vignola
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Battue au dernier scrutin, l’ex députée bloquiste de Beauport—Limoilou, Julie Vignola, ne ferme pas la porte à un retour en politique.

Par Alexandre Morin

Quatre mois après sa défaite face au libéral Steeve Lavoie, l’ex-députée bloquiste de Beauport—Limoilou, Julie Vignola, revient sur les résultats du dernier scrutin. Elle explique ce revers par le contexte géopolitique avec les États-Unis et les attaques tarifaires du président Trump envers le Canada, qui auraient favorisé le vote libéral, associé selon elle à une certaine sécurité économique.

« Je n’ai pas pris la défaite personnelle, c’est une vague, les gens sont allés vers ce qu’ils pensaient être le plus sécuritaire, l’actualité nous démontre que ce n’est pas le cas, ça aurait été Bozo le Clown à la tête du Canada que Trump aurait fait la même affaire », s’exclame celle qui a représenté les citoyens de Beauport—Limoilou à la Chambre des communes de 2019 à 2025.

Lors du scrutin fédéral du 28 avril dernier, Julie Vignola a terminé troisième dans Beauport—Limoilou avec 28,6 % des voix, devancée par le libéral Steeve Lavoie à 35,6 % et le conservateur Hugo Langlois à 30,1 %.

Un front commun derrière les libéraux pour bloquer Poilievre

En plus du contexte avec les États-Unis, Julie Vignola a aussi constaté sur le terrain une véritable « allergie », voire une peur, chez plusieurs citoyens à l’idée de voir le Parti conservateur du Canada gagner. Beaucoup lui ont confié avoir fait un vote stratégique en faveur du Parti libéral pour bloquer les conservateurs, d’autant que les sondages la plaçaient déjà en troisième position.

« Cette perception que j’étais troisième [à cause des sites agrégateurs de sondages] a incité beaucoup de gens à aller voter libéral pour ne pas faire entrer les conservateurs. Il y avait une allergie sur le terrain au conservateur », témoigne-t-elle.

Elle explique cette méfiance des Québécois envers le Parti conservateur par leur tendance générale au centrisme, alors que Pierre Poilievre a, selon elle, opéré un virage à droite en plus de son style polarisant qui l’a associé à Donald Trump, dans un contexte très nuisible pour son image au Québec.

À la lumière des événements, était-ce une erreur pour le Bloc québécois de ne pas renverser le gouvernement Trudeau lorsqu’il en avait l’occasion, afin d’aller en campagne contre un Parti libéral défait à la Chambre? « Si on avait passé nos intérêts partisans avant ceux de nos agriculteurs, de notre autonomie alimentaire, de nos aînés, eh bien oui, je serais encore là et on serait quelque chose comme 40 ou 45 [députés] à brasser la cage à Ottawa. »

Malgré tout, Mme Vignola se dit fière de son parti, qui a préféré imposer des conditions pour défendre la gestion de l’offre et l’augmentation des prestations pour les aînés, plutôt que de voter contre le PLC à un moment où celui-ci se trouvait au plus bas dans les sondages, avec Justin Trudeau à sa tête.

Parti québécois

Julie Vignola a milité avec le Parti québécois lors de la récente partielle dans Arthabaska, remportée par l’ex-animateur de radio et candidat péquiste Alex Boissonneault. Se prépare-t-elle à rejoindre les rangs du PQ en vue des élections provinciales de 2026? « Il n’y a rien de figé dans le béton pour personne […] mais j’ai adoré mon rôle de députée et si on me dit “veux-tu te représenter, mais pour le PQ comme députée?”, je dirais oui », affirme la souverainiste convaincue.

Elle précise que tout autre poste que celui de candidate lors du prochain scrutin pour venir en aide au PQ l’intéresse aussi, et qu’elle ne ferme pas non plus la porte à une nouvelle candidature avec le Bloc québécois sur la scène fédérale.

Mme Vignola confirme d’ailleurs que des militants péquistes l’ont approchée pour qu’elle se présente dans certaines circonscriptions, notamment sur la Côte-Nord. Mais après avoir dû s’éloigner de sa famille en siégeant à Ottawa, elle juge désormais essentiel de privilégier une candidature près de son domicile familial, dans la région de Drummondville.

Municipal

Sur la scène municipale à Québec, Julie Vignola dit avoir été approchée par deux partis en vue de l’élection du 2 novembre, mais elle a décliné pour la même raison : rester près de sa famille.

Concernant les élections à venir, sans vouloir attaquer directement la candidature de Sam Hamad, Julie Vignola dit : « Moi, je me souviens de l’époque Charest […] d’actions qui ne sont pas acceptables en politique. Pour ces raisons-là, je ne me serais pas présentée pour Sam Hamad, quand même bien il aurait eu le plus beau programme. »

À propos des partis qui promettent de mettre fin au projet de transport structurant, elle réagit vivement : « Si on dit ce sera pas un tramway, ça va être telle autre bébelle, pas de trouble. Mais ça va-tu encore prendre 10 ans? Parce que là, ça fait 10 ans qu’on investit de l’argent, du temps, qu’on fait des études. Là, c’est parce qu’à un moment donné, on est une capitale… on est une capitale sans service de transport, sans réseau structurant efficace pis qui a du bon sens! » s’exclame Mme Vignola, qui estime que Québec ne peut plus attendre pour se doter d’un réseau de transport structurant, en l’occurrence le tramway.

Souveraineté

Quand on aborde la récente montée de l’appui à l’indépendance chez les jeunes, la souverainiste réagit du tac au tac : « Simonaque que je suis contente! »

Mme Vignola dit comprendre cet intérêt des jeunes pour la souveraineté, puisque le Parti québécois a remis de l’avant le projet indépendantiste et la tenue d’un référendum dès un premier mandat. Un projet qui, historiquement, a toujours bénéficié d’un fort appui des jeunes, car l’idée de bâtir un pays et surtout d’y participer en tant que projet de société a de quoi les emballer.

Selon l’ex-députée, il était tout à fait normal que le sujet ait été relégué au second plan après deux défaites référendaires en 15 ans, des défaites qui ont durement touché les souverainistes.

« On était même pu admis dans les cégeps puis dans les universités pour aller en parler. Là, ça recommence tranquillement », témoigne-t-elle. Pour elle, la renaissance du Bloc québécois et la récente montée du PQ montrent que la souveraineté reprend sa place dans le débat public.

Est-ce Paul Saint-Pierre Plamondon qui a raison de vouloir tenir un référendum dès un premier mandat, ou est-ce une position qui mènera à l’échec comme l’affirme l’ancien premier ministre Lucien Bouchard, qui préfère retarder l’échéance? « Lucien Bouchard […] ça fait des années qu’il n’y croit plus […] il attend les conditions gagnantes, mais les conditions gagnantes, si on les attend, on va les attendre toute notre vie, parce que le Canada va s’arranger pour pas qu’on les aie », répond-elle, ajoutant que, selon elle, un référendum doit avoir lieu le plus tôt possible.

« Le plus tôt sera toujours le mieux pour moi », conclut-elle.

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