Ce matin, des dizaines de travailleuses et travailleurs ont manifesté devant l’hôtel Le Concorde à Québec. Cette mobilisation fait suite à une décision de l’employeur, qui a décrété un lock-out le 1er août, excluant temporairement le personnel syndiqué du travail.
Par Juliet Nicolas
Qu’est-ce qu’un lock-out ?
Le lock-out est une mesure légale par laquelle un employeur refuse de fournir du travail à ses salariés syndiqués, dans le but de faire pression sur eux pour qu’ils acceptent certaines conditions de travail. Il s’agit d’un moyen de négociation patronal, souvent utilisé lorsque les discussions avec le syndicat sont dans une impasse.
Malgré le lock-out, l’hôtel Le Concorde demeure ouvert au public. Les services sont assurés par du personnel non syndiqué ou embauché temporairement. Les restaurants en concession, dont le restaurant tournant Ciel!, continuent de fonctionner normalement. Cette situation crée une tension particulière, puisque l’établissement reste opérationnel pendant que ses employés réguliers sont mis à l’écart.
Cette décision a donc provoqué une réaction immédiate des employés, qui ont tenu à exprimer leur indignation tout en réaffirmant leurs revendications.
Six mois de négociations sans issue
Ce lock-out survient après six mois de négociations infructueuses. L’établissement est le seul parmi les 29 hôtels participant à la ronde de négociation coordonnée dans le secteur de l’hôtellerie à ne pas avoir conclu d’entente. Le Concorde a ainsi opté pour une rupture du dialogue, misant sur une approche musclée plutôt que sur le compromis.
« Ce matin, une centaine de travailleuses et de travailleurs sont privés de travail et de revenu. Nos familles comptent sur nous et l’employeur doit comprendre que nous n’avons pas les moyens d’accepter une entente à rabais », a exprimé avec émotion Ines Hajrovic, présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs de l’Hôtel Le Concorde–CSN.
Des revendications pour de meilleures conditions
Le syndicat revendique une hausse salariale de 21 % sur quatre ans, estimant qu’elle est nécessaire pour refléter le coût de la vie et valoriser le travail accompli. Il demande aussi une augmentation de la part patronale à l’assurance collective, afin d’offrir une meilleure sécurité aux employés.
La formation et les congés font également partie des priorités. Avec l’objectif d’améliorer le développement professionnel et le droit au repos. Par ailleurs, le syndicat souhaite limiter le recours aux agences privées. Ces dernières nuisent à la stabilité des équipes, et réclame une charge de travail plus équilibrée.
Enfin, la reconnaissance du pourboire comme source de revenu essentielle est jugée non négociable.
Une solidarité syndicale affirmée
Face à l’impasse, la CSN réitère son soutien aux travailleuses et travailleurs. Barbara Poirier, présidente du Conseil central de Québec–Chaudière-Appalaches–CSN, souligne : « L’employeur a choisi d’envenimer la situation plutôt que de s’entendre avec le syndicat… Nous les appuierons, chaque jour, jusqu’à la victoire. »
Quant à Michel Valiquette, responsable du secteur de l’hôtellerie à la Fédération du commerce (FC–CSN), il condamne fermement la stratégie du Concorde : « Ce lock-out est une insulte pour ceux qui font vivre l’hôtel au quotidien. Si les 28 autres employeurs ont jugé les demandes réalistes, on est en droit d’attendre la même chose ici. »
Une lutte qui dépasse les portes du Concorde
Ce mouvement de protestation s’inscrit dans un cadre plus vaste : la 11e ronde de négociation coordonnée menée par la CSN. Cette initiative regroupe plus de 3 500 membres répartis dans 29 syndicats hôteliers, actifs dans les régions de la Capitale-Nationale, de l’Estrie, du Saguenay–Lac-Saint-Jean et du Grand Montréal.
Fondée en 1921, la CSN est la première grande centrale syndicale du Québec. Elle défend aujourd’hui les intérêts de plus de 330 000 membres et milite pour une société démocratique, solidaire et équitable.
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