Le Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur (CCCQSS), en collaboration avec La Concerte Saint-Sauveur, réclame que l’église Saint-Sauveur conserve une vocation collective dans le contexte de sa possible vente et requalification.
Par Alexandre Morin
Une vingtaine de citoyens du quartier Saint-Sauveur se sont rassemblés ce lundi devant l’église pour demander que sa vocation demeure collective. Ils réagissent à l’intention de la Fabrique de Saint-Sauveur de mettre l’immeuble en vente, en raison de travaux d’entretien estimés entre 8 et 10 millions de dollars, que l’organisme dit ne pas pouvoir financer.
Le CCCQSS souhaitait aussi, par ce rassemblement, interpeller les candidats et candidates à l’élection municipale du 2 novembre et rappeler que la valeur patrimoniale d’un bâtiment comme l’église Saint-Sauveur ne réside pas seulement dans son apparence, mais aussi dans les activités qui l’animent.

« Nous demandons à ce que les citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur puissent participer à la réflexion entourant l’avenir de ces bâtiments [patrimoniaux] qui appartiennent à la communauté », a exprimé Guillaume Béliveau Côté, animateur-coordonnateur au Comité.
« Quand nous disons que les bâtiments qui appartiennent à la collectivité doivent conserver leur valeur communautaire, intergénérationnelle, interculturelle et patrimoniale, nous ne parlons pas seulement de la conservation patrimoniale, nous parlons de la conservation de l’ADN de notre quartier, ce qui nous permet de rester un quartier vivant, solidaire et démocratique », a-t-il ajouté.
Le CCCQSS exprime sans équivoque sa position : « Non à la privatisation ».
« Nos bâtiments collectifs ne sont pas des marchandises, mais les fondations mêmes de notre vivre-ensemble. »
Guillaume Béliveau Côté, animateur-coordonnateur au CCCQSS
En rappel, l’église Saint-Sauveur est classée d’intérêt patrimonial exceptionnel par la Ville de Québec et relève de la juridiction de la Commission d’urbanisme et de conservation de Québec (CUCQ).
Le bâtiment n’est donc pas à risque d’être démoli par un promoteur. Ce que réclame le Comité, c’est que l’église, en plus d’être un emblème physique de l’identité du quartier, conserve une vocation accessible à la communauté.

« Dans d’autres villes, on peut voir que les églises ont été reconverties dans un spectre plus communautaire et culturel, donc avec un volet artistique qui se joint par des activités citoyennes. Donc ça peut vraiment prendre différentes formes », donne en exemple de vocation que pourrait avoir l’église Céline Henrioux, coordonnatrice de La Concerte Saint-Sauveur.
Pour sa part, Guillaume Béliveau Côté évoque l’idée d’une maison de la culture, un projet souhaité par des citoyens du quartier au moment de la démolition du centre Durocher, mais qui ne s’était jamais concrétisé.
Pour les organisateurs du rassemblement, il semble évident que la Ville de Québec devra s’impliquer pour que l’église demeure accessible au public, possiblement par un soutien financier, sans toutefois avoir nécessairement à l’acquérir.
Selon eux, tout ce processus devra se faire en concertation avec la communauté.

Deux candidats dans le district Saint-Roch–Saint-Sauveur étaient présents lors de la mobilisation.
La présence de Quentin Maridat, candidat de Québec d’abord, n’avait rien d’anodin : c’est lui qui en avait lancé l’initiative sur Facebook le mois dernier afin de maintenir l’édifice ouvert à tous, avant de passer le relais après l’annonce de sa candidature au Comité et à La Concerte.
Pour lui, pas question de dire ce que devrait devenir le lieu. S’il devenait conseiller municipal du district, il consulterait la population pour que ce soit elle qui décide de la future vocation de l’église.
« Je ne suis pas du tout un candidat en mode “je vais vous expliquer ce qu’il faut faire”. Je veux que les gens s’en saisissent, je veux que les gens donnent leur idée, les écouter et leur donner les moyens de les réaliser », a-t-il exprimé.

Pour sa part, la candidate de Québec Forte et Fière, Elainie Lepage, souhaite elle aussi que l’église conserve sa vocation collective. Elle rappelle que c’est l’administration Marchand qui a financé, à hauteur de 4 M$, la remise à neuf du clocher.
« Est-ce que ça pourrait être intéressant de faire comme une deuxième Nef, comme ce qui se trouve sur Saint-Joseph avec de l’économie sociale, où est-ce que plusieurs organismes pourraient bénéficier des locaux, puis les gens pourraient encore plus s’approprier le lieu », a-t-elle évoqué.
« C’est sûr qu’il faut impliquer la communauté dans ce projet-là », a-t-elle ajouté.
En ce début de période électorale à Québec, à l’approche du 2 novembre prochain, le Comité des citoyens et citoyennes de Saint-Sauveur ne veut pas que le dossier de l’église tombe dans l’oubli. Bien au contraire, il souhaite que les candidats s’engagent clairement à faire en sorte que le bâtiment conserve sa vocation collective, en tant que lieu emblématique et porteur de l’identité du quartier.
Pour la petite histoire:
Située au 215, avenue des Oblats, l’église Saint-Sauveur est l’un des joyaux patrimoniaux de la Basse-Ville de Québec. Elle incarne l’histoire du quartier, façonné par l’incendie de 1845 et la croissance rapide de la population ouvrière.
En 1846, Pierre Boisseau cède un terrain à la fabrique de Saint-Roch, à condition qu’on y construise une église. La première église, confiée aux Oblats dès 1853, est achevée lentement et dirigée par le père Flavien Durocher, premier supérieur. Elle est détruite par le grand incendie du 14 octobre 1866.
La paroisse Saint-Sauveur est officiellement fondée en 1867. L’architecte Joseph-Ferdinand Peachy est chargé de reconstruire l’église, qu’il agrandit considérablement. La nef compte désormais neuf travées, un chœur en hémicycle est ajouté, et l’église peut accueillir jusqu’à 4 000 fidèles. En 1892, Peachy complète l’édifice par un clocher d’inspiration parisienne, inspiré de celui de l’église de la Trinité de Paris, avec deux tambours à coupoles superposés.
L’intérieur, complété entre 1886 et 1892, est orné de fresques spectaculaires du peintre Charles Huot, qui illustre des scènes majeures comme la Fin du monde, le Jugement dernier et la Transfiguration, sujet patronal de la paroisse.

Plusieurs agrandissements suivent au début du XXe siècle, dont celui du presbytère et l’ajout du monument du Sacré-Cœur. L’orgue est reconstruit par Casavant et Frères en 1904, et le maître-autel actuel date de 1920.
Classée d’intérêt patrimonial exceptionnel par la Ville de Québec, l’église est protégée par la Commission d’urbanisme et de conservation de Québec (CUCQ). Elle demeure aujourd’hui un symbole fort de l’identité du quartier et un témoin précieux de son histoire.
Pour suivre l’actualité de Québec, rejoignez ce groupe !
Commentez sur "Une vocation collective réclamée pour l’église Saint-Sauveur"