L’état du jardin Jean-Paul-L’Allier est-il une illustration de ce qu’est l’administration Marchand?
On serait porté à penser que oui.
Une chronique de David Lemelin
Pour ceux qui ne sont pas passés par-là récemment, c’est déprimant et déplorable. Jadis source d’intense fierté locale et régionale, les lieux sont aujourd’hui beaucoup moins attrayants. Il y a un évident laisser-aller depuis quelques années, au point où la détérioration de ce bijou du centre-ville est manifeste. Jadis affable avec la fontaine, la chute est désormais silencieuse, on y voit plutôt de l’eau stagnante, symbole d’une gestion du même acabit.
On l’entretien, le jardin, nous assure-t-on. Certes. Mais, ce recommencement annuel du strict minimum ne suffit pas.
Et ça ne date pas d’hier, ça fait longtemps qu’on le voit et que ça se dit. Idem pour le quartier qui a visiblement besoin d’amour.
Ceux qui ont assez de printemps à leur actif ont pu voir le quartier Saint-Roch emmuré sous son toit long d’un kilomètre. Les années 80, ce n’était pas jojo dans ce coin de pays. Fallait y passer rapidement et se pincer le nez, souvent.
Heureusement, Jean-Paul L’Allier a semé un jardin et plein de bonnes idées pour le quartier : adieu le toit, bonjour les façades retapées, bienvenue aux entreprises technologiques… c’était une renaissance fantastique, à l’image du boulot de génie accompli par Pierre Boucher à la Commission de la capitale nationale qui, avec le maire de Québec, ont fait passer des rêves pour une réalité.
Aujourd’hui, c’est un peu cauchemardesque. Il faut se promener le soir sur Saint-Joseph pour avoir des réminiscences du Saint-Roch des années 80. L’itinérance est évidente (démontrant en cela le ridicule de la cible d’itinérance zéro lancée en campagne), la consommation d’autre chose que du thé vert se perçoit dans l’air, on parle de délinquance… sans oublier le manque de logements sociaux, les chantiers perpétuels qui encombrent les passages, rendant le vélo ou la marche plus périlleux.
Bref, ce n’est pas un succès retentissant. Il y a eu des efforts, des investissements, c’est indéniable, à commencer par la bibliothèque Gabrielle-Roy, mais il y a aussi beaucoup de blabla.
Qu’a répondu aux critiques le maire Marchand? Que le jardin « est un lieu central, emblématique même, de Saint-Roch».
Non, pour vrai?
C’est tellement évident qu’on espère que personne n’a été payé pour écrire cette ligne.
Ce n’est pas ce qu’il fallait dire.
Répondre au surplus que les investissements liés au tramway justifient l’immobilisme est également une bien curieuse réponse pour quelqu’un qui croit pouvoir remporter les prochaines élections.
Il fallait débarquer avec des cibles, du tangible. Pas du « faut voir avec le tramway », dont l’avenir incertain rend encore plus incontournable l’action pour redonner à ce jardin le prestige qu’il avait dans notre arsenal touristique.
En effet, Jean-Paul L’Allier ne mérite pas ça! Est-ce un manque de fierté? Sans doute plus une gestion des priorités. Pour avoir été dans un appareil municipal pendant quelques années, quand la pression politique fait son œuvre, comme par magie, on trouve le temps et les fonds…
Je l’avais dit que le nom « Québec, forte et fière » était un mauvais pari. Ça obligeait à être plus fier et plus fort qu’avant. Plus fier que Labeaume, c’était une commande gigantesque, plus fort que l’économie semée par L’Allier et propulsée par la manne du 400e au profit de Régis était également présomptueux.
Québec un peu moins forte et de moins en moins fière… c’est moins sexy, je vous l’accorde. Mais, c’est peut-être plus près de la réalité…
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