Avec Mission Toison d’Or, un duo passionné entreprend de restaurer un voilier emblématique pour en faire une plateforme de sensibilisation environnementale autour du fleuve Saint-Laurent. Entre humour, science et engagement citoyen, cette aventure à la fois technique et humaine veut reconnecter les Québécois·es au fleuve.
Par Juliet Nicolas
Il arrive parfois qu’un projet commence par une évidence. Pour Vikie et Pierre, c’est la Toison d’Or qui s’est imposée d’elle-même. « C’est comme si c’était ce bateau-là qui s’était présenté », glisse Vikie. Ce voilier rouge, un modèle Spray inspiré des jonques chinoises, reposait à sec depuis huit ans à Charlevoix. Il portait déjà un nom chargé d’imaginaire, mi-mythologie, mi-aventure de bande dessinée. « Le constructeur nous a dit que c’était Tintin qui l’avait inspiré pour le nom », raconte Pierre, en évoquant aussi le Poséidon sculpté sur la proue.
Le duo de choc
Vikie Pedneault est biologiste, communicatrice scientifique, entrepreneure et animatrice télé. Elle sera prochainement sur les différentes plateformes de Télé-Québec pour l’émission Drôlement Débrouillards. Un emission populaire qui vulgarise la science avec un ton ludique. Elle est aussi fondatrice de La Baleine Nomade, un projet de médiation scientifique marine. En outre, elle est aussi cofondatrice du Lévisium, un événement autour de la culture scientifique.
Son complice, Pierre Hurteau Corbin, est officier mécanicien de marine. Il détient un brevet de 2e classe, équivalent d’un diplôme d’ingénierie navale appliquée aux conditions extrêmes de la navigation commerciale. Il a occupé divers postes de chef mécanicien à bord de bateaux de haute mer.
En couple, ils partagent une passion pour les océans, la protection de l’environnement et les aventures bien corsées. « On s’est déjà connus sur un voilier. Fatigués, à faire des shifts de nuit, dans un espace restreint… On savait déjà comment on réagit quand c’est intense », confie Vikie.
Naviguer pour mieux sensibiliser
Mission Toison d’Or est avant tout une aventure engagée. Portée par le désir de retisser un lien entre les Québécois·es et le Saint-Laurent. À travers la remise en état de leur voilier, Vikie et Pierre explorent les grands enjeux de la transition écologique sous un angle concret. Chaque étape du chantier soulève des questions : quel type de moteur assez puissant installer tout en limitant l’empreinte écologique ? Comment rationner l’eau potable à bord ? Que faire des matériaux usés ou polluants ?
Autant de dilemmes qui résonnent avec les choix du quotidien de chacun. Ces moments de réflexion et de prise de décision seront partagés dans une websérie en sept épisodes attendue cet automne. On pourra ainsi suivre leur progression, leurs incertitudes, mais aussi leur engagement à concilier contraintes techniques et responsabilité environnementale. Comme le résume Vikie : « Ce qu’on vit sur un voilier, c’est ce que vivent aussi les gens chez eux. La gestion de l’eau, des déchets, les compromis… ce sont les mêmes. »
Une pédagogie immersive
Mission Toison d’Or entend partager avec le grand public sa passion pour le fleuve Saint-Laurent à travers une série d’initiatives. Cet été, le voilier s’amarre à la Marina du Port de Québec, en plein cœur du Vieux-Québec. Les visiteurs sont invités à monter à bord pour découvrir le voilier et échanger directement avec Vikie et Pierre. Deux premières journées d’accueil ont déjà eu lieu les 5 et 6 juillet, et les prochaines rencontres seront les 25, 26, 27 juillet ainsi que les 1er, 2 et 3 août.
Dans les mois à venir, Vikie et Pierre donneront également quelques conférences dans différentes régions du Québec, notamment dans le cadre de leur Festival Mar(i)in Nomade. Des casques de réalité virtuelle contenant des images et sons captés sur l’eau permettront au public de vivre une forme de connexion immersive.
Enfin, le duo mettra à profit un plus petit voilier de 21 pieds, transportable sur remorque, pour animer des rencontres ponctuelles lors d’événements ou en partenariat avec des municipalités. Tout cela, afin d’initier les citoyen·nes à la maritimité et aux réalités de la navigation.
« On veut que tout le monde connecte avec le fleuve, même ceux qui n’ont jamais mis les pieds sur un bateau. » partagent le couple.
Financement participatif
Le projet est soutenu par des partenaires engagés comme AquaAction et le Port de Québec. Mais pour que l’aventure prenne pleinement le large, Vikie et Pierre comptent aussi sur un allié de taille : le public. L’appel est lancé à toutes celles et ceux qui souhaitent soutenir concrètement la mise à flot de la Toison d’Or et participer à une initiative collective axée sur le fleuve, la transmission et l’engagement écologique.
Une campagne de financement participatif a donc été mise en place. L’argent récolté servira, comme le formule le duo avec une touche d’autodérision, à « nous permettre de vous offrir le meilleur contenu jamais créé à propos du Fleuve Saint-Laurent ».
Pour appuyer la démarche, les contributeurs peuvent également se procurer des chandails fabriqués de manière écoresponsable — du tissage jusqu’à l’assemblage — et entièrement conçus au Québec. D’autres initiatives originales, parfois un brin décalées, verront le jour au fil de la campagne pour impliquer le public de façon ludique. Car ici, l’humour fait partie intégrante du voyage. « L’humour, c’est un outil de dépolarisation. Quand on rit, on est plus ouverts à la discussion », explique Vikie.
Pour cette première année, la Toison d’Or restera amarrée à Québec, mais à terme, l’objectif est clair : faire de ce voilier une plateforme itinérante, capable d’aller à la rencontre des communautés là où elles vivent. « Ce bateau, c’est comme une mascotte. Ce qu’on veut, c’est que le public embarque et qu’on partage tout ensemble. » conclut le couple.
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