Un article paru dans Le Soleil en début de semaine mettait en lumière l’état désuet du jardin Jean‑Paul‑L’Allier, au cœur du quartier Saint‑Roch. On y évoque notamment la majestueuse fontaine désormais hors service, ainsi que les défis de cohabitation liés à la présence de personnes en situation d’itinérance fréquentant le lieu.
Par Alexandre Morin
Le Soleil révélait cette semaine, dans un article, la désolation notamment exprimée par de nombreux citoyens sur des groupes Facebook et par le conseil de quartier à propos de la dégradation d’un lieu emblématique de la relance du quartier Saint‑Roch dans les années 1990 : le jardin Jean‑Paul‑L’Allier.
Depuis ce printemps, la chute en cascade, pièce maîtresse du parc, est hors service. On constate également la présence de plusieurs personnes en situation d’itinérance avec leurs effets personnels dispersés dans le jardin, ainsi que des graffitis sur les infrastructures du parc.
Les oppositions accusent le maire
Les partis d’opposition à l’hôtel de ville de Québec n’ont pas tardé à interpréter le manque d’entretien du parc comme un signe d’abandon du quartier Saint‑Roch par l’administration Marchand.
Dans un communiqué, Jackie Smith, cheffe de Transition Québec et candidate à la mairie, affirme : « Ça semble de plus en plus évident que Marchand a jeté l’éponge en ce qui concerne le quartier St‑Roch. »
Elle ajoute : « L’état du parc Jean‑Paul‑L’Allier en est un peu le reflet. Les gens sont très attachés à leurs parcs publics et pour bon nombre d’entre eux, ça fait partie intégrante de la qualité de vie de leurs quartiers. La Ville doit accorder plus d’importance à ses parcs. »
Même son de cloche du côté de Québec d’abord, qui déplore non seulement le manque d’entretien du parc, mais aussi l’attitude de Québec Forte et Fière et de sa candidate dans le district, lesquelles, selon le parti, accusent ceux qui critiquent certains aspects du quartier Saint‑Roch de ne pas aimer le quartier et d’exagérer les problèmes pour servir leurs intérêts.
« C’est très paradoxal, parce qu’on a le maire Marchand et sa candidate dans le district qui, constamment, nous accusent de faire mal paraître le quartier alors qu’on fait juste pointer l’évidence et rapporter ce que les gens nous disent dans le quartier. Et en même temps, un des principaux symboles du quartier, ils le laissent dans cet état‑là. En réalité, c’est qui qui fait mal paraître le quartier ? », demande Quentin Maridat, le candidat de Québec d’abord dans le district Saint‑Roch–Saint‑Sauveur.
Dans une publication sur Facebook, Elainie Lepage, candidate du parti du maire dans le district, a déploré « les effets de toges » des partis d’opposition au sujet du jardin.
« Je comprends les candidats des autres partis de déplorer la situation, mais moins d’enchaîner les effets de toges et les métaphores pour espérer que leur clip fasse mouche dans les médias. Même si c’est ce que veut le jeu politique quand on siège dans l’opposition », a-t-elle écrit.
« Lancer dans les médias que tout est terrible alors qu’on ne s’était pas rendu compte jusqu’à maintenant que la fontaine ne fonctionnait pas, qu’on ne l’a pas soulevé au conseil municipal ou auprès de l’administration dans les derniers mois, ça témoigne d’un opportunisme déconnecté, qui arrive par hasard à l’aube d’une élection », a-t-elle ajouté.
« Dans quel genre de dynamique de campagne on rentre si on n’est plus capable de se dire les faits ? […] Le [jardin] laissé dans cet état‑là, c’est un problème pour l’image du quartier. Une fois qu’on a établi ce fait, là on se fait accuser de faire mal paraître, de ne pas aimer le quartier… on n’est plus sur les faits », répond M. Maridat.
« En ne pointant que des faits, on se fait répondre : “vous n’aimez pas Saint‑Roch”, “vous n’aimez pas les gens de Saint‑Roch”, et ça, ça nous met dans une dynamique de débat malsain pour cette élection », a‑t‑il renchéri, ajoutant que pour lui, aimer Saint‑Roch, c’est aussi pointer ce qui va mal et vouloir y apporter des changements.
Enjeux financiers
Pour justifier la non‑réparation de la fontaine en cascade, Elainie Lepage ainsi que l’actuel conseiller municipal du district et vice‑président du comité exécutif, Pierre‑Luc Lachance, ont invoqué des raisons financières.
« Le système de contrôle de la chute est brisé et cela impliquera un gros investissement pour le remplacer. Les équipes sont sur la planification et la budgétisation de l’intervention à venir (qui risque d’être majeure) », a écrit M. Lachance sur Facebook.
Le Soleil rapportait d’ailleurs que la Ville préfère attendre la réalisation du tramway afin d’évaluer ses options dans une vision plus globale pour le secteur, compte tenu des coûts élevés qu’elle estime pour la réparation.
Au sujet de la hausse de l’itinérance et de la présence accrue de personnes en situation d’itinérance dans le jardin, M. Lachance a répondu à un citoyen sur Facebook : « On a effectivement triplé les investissements depuis 2 ans, dans ce dossier et malheureusement le provincial n’appuie pas de son côté amenant donc encore plus de gens vers la rue. »
« Dans la dernière année, nous avons déployé près de 5M$ pour la sécurité, la propreté et la vitalité économique de Saint-Roch ».
Elainie Lepage
Pour Quentin Maridat, candidat de Québec d’abord, laisser les infrastructures du site dans cet état‑là représente aussi un coût financier.
« Le coût de ne rien faire, c’est l’image dégradée du quartier qui vient avec. Le fait qu’il n’y a plus, sur cette place qui normalement est magnifique, ce n’est plus le pôle d’attraction que ça doit être. On n’a plus les gens qui viennent dîner le midi, l’été normalement il y a des gens tout autour de la fontaine […] Ce coût‑là, de dégrader l’image de Saint‑Roch, il est aussi très important », exprime‑t‑il.
Au‑delà des accusations sur qui aime le plus Saint‑Roch, une réalité demeure : la fontaine du jardin Jean‑Paul‑L’Allier restera muette tout l’été. Dans ce parc autrefois symbole de renouveau, l’eau ne coule plus, rappelant à tous les défis auxquels le quartier est confronté aujourd’hui.
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