Des citoyens de Saint-Sauveur s’inquiètent de l’avenir de leur église

L'église Saint-Sauveur constitue un point de repère au sein du quartier. (Photo: Xavier Renald)L'église Saint-Sauveur constitue un point de repère au sein du quartier. (Photo: Xavier Renald)
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(Saint-Sauveur) Des citoyens réclament une conservation du patrimoine et souhaitent être consultés concernant la vocation future de l’église. La paroisse Sainte-Marie-de-l’Incarnation avait indiqué il y a quelques semaines que l’église Saint-Sauveur pourrait être vendue et requalifiée, car des travaux coûteux sont nécessaires.

Xavier Renald

Quentin Maridat est à l’origine du groupe Facebook Sauvons l’église Saint-Sauveur, qui regroupe près de 200 citoyens concernés par le futur de l’établissement religieux. L’église pourrait être vendue et requalifiée au cours de la prochaine année, comme l’a récemment annoncé la paroisse. La Ville de Québec cherche quant à elle à trouver un terrain d’entente avec le diocèse afin de mettre en place une vision d’ensemble pour la conservation du patrimoine religieux sur son territoire.

De vives inquiétudes envers un élément identitaire du quartier

Lorsque la paroisse a publié un feuillet indiquant que l’église pourrait être vendue, Quentin Maridat s’est dit qu’une mobilisation citoyenne était nécessaire afin de s’assurer de la préservation de l’église. Il déplore que l’église ne soit pas accessible aux résidents du quartier alors que ces derniers ont financé la construction et la réparation de l’église depuis des années.

« Cet édifice-là a essentiellement été payé par les gens du quartier via les collectes de fonds, les quêtes ou encore leurs taxes » – Quentin Maridat

Les dates marquantes de l’histoire de l’église sont inscrites sur l’un des murs extérieurs. (Photo: Xavier Renald)

« Quelqu’un va devoir acheter le bâtiment. Si ce n’est pas la Ville, ce sera quelqu’un de privé et qu’est-ce qu’il va faire avec ça? », questionne Quentin Maridat, voyant d’un mauvais œil un éventuel projet d’habitation qui rendrait inaccessible le patrimoine au reste de la population.

Une démolition est « impossible » assure la Ville

Comme l’église est sous la juridiction de la Commission d’urbanisme et de conservation de Québec (CUCQ), sa démolition est impossible et sa valeur patrimoniale doit être conservée assure la conseillère municipale du district Cap-aux-Diamants, Mélissa Coulombe-Leduc. La conseillère, qui est responsable du patrimoine au comité exécutif de la Ville de Québec, explique qu’elle comprend l’inquiétude des citoyens par rapport à la situation de cette église et rappelle qu’elle est identifiée comme ayant une valeur patrimoniale exceptionnelle par la Ville de Québec. Toutefois, la Ville ne peut pas classer des églises pour les protéger. Ce pouvoir est réservé au ministère de la Culture, qui n’a pas classée l’église Saint-Sauveur, contrairement à l’église Saint-Jean-Baptiste par exemple.

Mme Mélissa Coulombe-Leduc, responsable du patrimoine au comité exécutif. (Crédit photo : Courtoisie)
Mme Mélissa Coulombe-Leduc, responsable du patrimoine au comité exécutif. (Crédit photo : Courtoisie)

Néanmoins, le statut qu’a accordé la Ville à l’église donne le pouvoir à la CUCQ d’y bloquer certains projets : « on ne peut pas faire ce qu’on veut avec une église comme celle-là. Il y a des réglementations en matière de protection à l’échelle municipale par la CUCQ qui sont importantes », indique Mme Coulombe-Leduc.

Toutefois, Mélissa Coulombe-Leduc estime que la préservation efficace du patrimoine religieux passe par une entente avec le diocèse pour assurer une meilleure prévisibilité avec les nombreuses églises qui fermeront au cours des prochaines années. « Il faut accélérer nos discussions. C’est important qu’on en vienne à statuer sur le sort de toutes ces églises pour qu’on puisse se dire qu’on a la possibilité de se porter garant des huit églises à valeur patrimoniale exceptionnelle », explique-t-elle. Selon elle, des fonds privés, investis dans d’autres églises sur le territoire, pourraient permettre à la Ville de concentrer ses efforts sur les huit à valeur exceptionnelle.

Une consultation déjà entreprise par le groupe

De son côté, M. Maridat souhaite que les résidents et les acteurs du milieu puissent se faire entendre quant à la future vocation du lieu de culte. À son avis, il faut que le bâtiment réponde aux besoins du quartier en matière d’infrastructure publique. « On a commencé à entrer en contact avec le comité des citoyens du quartier, et aussi la table de concertation des organismes communautaires de Saint-Sauveur », a souligné Quentin Maridat. Des rencontres sont aussi prévues avec la Société de développement commercial (SDC) du quartier et le groupe se rendra au conseil de quartier du 18 juin pour questionner les élus municipaux sur ce dossier.

« Tant mieux s’il y a un projet commercial mais il faut absolument respecter l’église, son clocher ainsi que le patrimoine présent à l’intérieur » – Quentin Maridat

Marjorie Champagne, candidate du parti Transition Québec dans le district Saint-Roch-Saint-Sauveur à l’élection municipale de cet automne, révèle que le dossier de l’église figurait déjà parmi ses priorités pour le quartier. Selon elle, plusieurs projets sociaux pourraient être possibles à l’intérieur de l’église: « on pourrait parler notamment d’ateliers d’artistes, il y a plusieurs artistes qui habitent dans Saint-Sauveur et c’est un grave problème le manque d’ateliers d’artistes abordables », soutient-elle, rappelant du même coup que l’église contient des toiles du célèbre Charles Huot. Par ailleurs, elle explique que la taille du bâtiment pourrait permettre de faire cohabiter plusieurs vocations sous le même toit.

« Une église ça servait aussi de rendez-vous hebdomadaire du dimanche sur le parvis. C’était important et ça créait une cohésion sociale qui forçait les gens à se parler et à se connaître. Il faut qu’il y ait des lieux comme ça pour que la communauté soit tissée serrée. » – Marjorie Champagne

Mme Champagne soutient que Saint-Sauveur a besoin de tiers lieux et espère que l’église Saint-Sauveur en redevienne un. Point central du quartier, l’église a été construite en 1853. Incendiée en 1866, puis reconstruite et agrandie en 1867. La paroisse évalue les travaux de réfection à près de 10 millions de $.

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