Par Richard Bernier, président de Service de sauveteur
Le Québec a fait des progrès remarquables pour prévenir les noyades. Mais aujourd’hui, un changement proposé au Code de sécurité pourrait mettre ces acquis en péril. Le gouvernement du Québec envisage de retirer l’obligation d’avoir des sauveteurs dans les piscines d’immeubles de huit logements et plus. Ce choix, bien qu’inspiré par une volonté de simplification, est lourd de conséquences.
Les piscines collectives sont des milieux de vie animés, mais aussi à risque. Sans présence qualifiée, les dangers de noyades, de comportements à risque liés à l’alcool ou à la drogue, et de blessures lors d’événements festifs augmentent considérablement. Pire encore, chaque incident qui pourrait être évité par un sauveteur sur place deviendra une urgence médicale, mobilisant inutilement des premiers répondants, des ambulanciers et les ressources hospitalières, déjà sous forte pression.
Un sauveteur n’est pas qu’un observateur. C’est une personne formée pour prévenir, intervenir et sauver des vies en quelques secondes. Supprimer leur présence revient à affaiblir un filet de sécurité vital. C’est aussi mettre en péril des centaines d’emplois qualifiés pour des jeunes et des adultes engagés, qui acquièrent ainsi de précieuses expériences professionnelles.
Il est crucial de rappeler que les piscines en milieux résidentiels ne sont pas des lieux sans danger. L’absence de surveillance structurée augmente le risque, particulièrement pour les jeunes enfants et les personnes vulnérables. Une piscine peut être aussi dangereuse qu’une route sans feux de circulation.
Nous comprenons la volonté d’adapter la réglementation aux nouvelles réalités, mais la solution retenue doit protéger d’abord et avant tout la sécurité du public. Nous recommandons que des seuils critiques – par exemple la taille du bassin ou le nombre d’usagers – soient utilisés pour déterminer les exigences de surveillance, plutôt que d’abolir purement et simplement l’obligation.
Le Québec doit continuer à être un modèle en matière de prévention. La sécurité aquatique est un engagement collectif qui a sauvé des vies. Retirer les sauveteurs, c’est rouvrir la porte à des drames que nous avons travaillé fort à éviter.
Nous invitons donc le gouvernement à revoir sa position et à garantir que chaque lieu de baignade collectif offre une surveillance adaptée, efficace et accessible. Ne jouons pas avec la vie des Québécois.
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