Au Théâtre Périscope, Hewa Rwanda, lettre aux absents, porté par Dorcy Rugamba, plonge dans la mémoire du génocide rwandais de 1994. Sans artifices et justesse, il rend hommage aux victimes et à la résilience de ceux qui restent.
Par Juliet Nicolas
Sur scène, Rugamba adresse une dernière lettre à ses proches disparus. À travers des mots justes, il raconte une vie marquée par la tragédie mais aussi par l’amour. Plus qu’un récit du deuil, son texte est un témoignage de survie et une quête de sens face à l’horreur.
Le pouvoir des mots et de la musique
Accompagné par Majnun et le doux son de sa guitare, Rugamba transforme la douleur en une poésie intime et universelle. La musique se mêle aux mots pour offrir un moment suspendu, où le passé et le présent se rencontrent dans une danse émotive. Entre récit personnel et mémoire collective, il invite le public à réfléchir sur la vie après l’horreur et sur l’amour comme ultime vérité.
S’éloigner de la haine
Au cœur du spectacle, une citation de James Baldwin résonne avec force : « J’imagine qu’une des raisons pour lesquelles les gens s’accrochent si obstinément à leur haine, c’est parce qu’ils sentent qu’une fois que la haine aura disparu, ils seront obligés de faire face à la douleur.»
À travers son récit, Rugamba illustre cette idée. Après avoir perdu sa foi et traversé le nihilisme, il trouve une source de guérison dans l’amour et la famille.
Retourner dans la maison de son enfance, là où ses proches ont été massacrés, et voir son enfant rire dans cet espace autrefois marqué par la tragédie, devient un acte puissant de réconciliation et d’hommage.

Face au chaos, l’amour
Si ce spectacle puise dans la mémoire du Rwanda, il fait aussi écho aux tragédies qui se déroulent en ce moment même. Car aujourd’hui encore, les massacres de masse continuent de se répéter sous nos yeux. Dans ce tumulte, la spiritualité, l’amour et l’art apparaissent comme des refuges—des manières de traverser l’innommable et d’en préserver une trace.
C’est dans cette même volonté de transmission que le festival Le Carrefour accueille ce spectacle. Depuis 1992, cet événement rassemble des voix venues du monde entier. Offrant ainsi un espace aux récits qui éclairent la mémoire et refusent l’oubli. Hewa Rwanda, lettre aux absents, s’inscrit donc dans cette démarche et résonne bien au-delà des frontières.
Hewa Rwanda, lettre aux absents est un appel à se souvenir, à reconnaître l’indicible et à chercher, malgré tout, la lumière dans les ténèbres.
Deux représentations auront lieu les 30 et 31 mai. Offrant encore l’occasion de découvrir cette œuvre puissante. Pour réserver vos billets, rendez-vous sur le site du festival. Une rencontre avec le public est également prévue après la représentation du 30 mai à 19h, permettant un échange privilégié avec l’artiste autour des thèmes abordés.
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