Quand je dénombre les efforts que fait notre ville pour déminéraliser ses chaussées afin d’augmenter la canopée dans de modestes surfaces, je suis souvent perplexe.
Une chronique de Martin Claveau
Bon ok, je reprends ma phrase pour ceux qui n’ont rien à cirer du pompeux jargon des initiés. Ce que je veux dire, c’est qu’en voyant tout le mal que la ville se donne à éliminer des stationnements sur rue pour planter des chicots, par ci par là, je ne sais pas trop quoi penser.
Ça me désole de constater qu’on dépense autant d’argent pour obtenir des résultats, ma foi, forts modestes sur la véritable qualité de vie des gens ainsi que l’effet réel que ça peut avoir sur la pollution. Aux dernières nouvelles, la transformation d’un coin de rue en espace pour y planter un arbre, coute parfois jusqu’à 50 000$ au trésor municipal.
Est-ce qu’ajouter des arbres est important au centre-ville? Bien sûr, mais pas à n’importe quel prix. Comme je l’ai autrefois appris dans mon cours d’écologie de secondaire 1, le bénéfice qu’apportent les arbres, à la vie urbaine, est toujours proportionnel à leur nombre. Encore faut-il aussi que le bénéfice qu’ils procurent l’emporte sur le prix à payer. Chaque fois que je vois l’ardeur déployée pour planter un arbre sur un coin de rue, je me demande si quelqu’un s’est demandé si le jeu en valait la chandelle. Est-ce qu’il y a vraiment un gain à retirer un stationnement sur une rue pour y planter un arbre ou bien applique t’on simplement une idéologie contestable, mais que personne ne conteste?
Il serait à mon avis évidemment beaucoup plus payant de planter un plus grand nombre d’arbres à des endroits stratégiques où ils feraient véritablement une différence que sur un des coins de rue où il ne remplisse, en fin de compte, que des fonctions esthétiques.
Je ne prétends pas détenir la vérité et c’est un domaine que je connais, du reste, fort peu. Je crois, quand même, qu’il existe pleins d’endroits où on aurait avantage à planter des arbres et où ça nous couterait moins cher que sur des coins de rues. Je crois aussi que ça aurait un effet beaucoup plus concret sur la pollution.
Voici donc trois suggestions, d’endroits où verdir serait pertinent et non pas cosmétique.
–La place Jean-Béliveau : est-il besoin de mentionner qu’un des plus grands ilots de chaleur de la ville appartient à la ville elle-même et qu’elle n’a besoin de la permission de quiconque pour y planter des dizaines de cerisiers ou de Gingko Biloba.
–La Pointe-aux-Lièvres est un parc revampé et très à la mode. Ce qui est absolument remarquable, quand on y passe presque tous les jours, comme moi, c’est que le parc est pratiquement dépourvu d’arbres et il y aurait donc de la place pour en planter une centaine.
-Quand je regarde aussi les sorties et entrées de l’autoroute Laurentienne, situées en ville, je vois plein de place et personne que ça dérangerait qu’il y ait des arbres là. Leur effet n’en serait que plus probant.
J’ajouterai aussi que la ville possède une quantité incroyable de clôtures sur lesquelles elle pourrait multiplier les végétaux grimpants. Toutes ces feuilles pourraient bloquer leur lot de particules.
Évidemment, cette liste est non exhaustive et elle demeure issue du simple d’esprit que je suis. Je maintiens que nous aurions avantage à planter plus d’arbres, à des endroits comme ceux-là avant de retirer des stationnements aux gens en face de chez eux. Nous vivons cependant dans un monde ou les apparences demeurent très importantes, même pour les arbres en ville, il faut croire. Est-ce donc vraiment surprenant de constater qu’on mette autant d’argent, à végétaliser des coins de rue, quand ça ne sert finalement à pas grand-chose d’autre qu’à se donner bonne conscience…
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