Les Nordiques de Seattle

David LemelinDavid Lemelin (Photo : Archives Carrefour de Québec)

Est-ce que le message est clair?

Il le faudrait bien, car en continuant de croire que les Nordiques sont dans le portrait, ça va ressembler au même enthousiasme mythologique qu’entretiennent les partisans du troisième lien. Les Nordiques ne sont pas là et ne reviendront pas.

J’étais des «casseux de party» qui disaient qu’il fallait regarder le dossier froidement, comme un investisseur, comme un commissaire, pas comme un fan des Nordiques. L’amateur rêve de voir son club revenir. C’est normal. Le hockey est un sport magnifique, alors comment s’étonner du souhait sincère de voir les héritiers de Stastny épater à nouveau les gens de Québec?

Mais, l’investisseur calculateur ne pense pas ainsi.

Quand on se met dans la peau de quelqu’un qui dispose de centaines de millions à investir – et non à dépenser, idéalement – on en arrive à cette conclusion, à laquelle j’arrive depuis des années : le commissaire de la LNH Gary Bettman avait besoin de Québec pour faire monter les enchères et titiller Vegas et Seattle. Le cas de Vegas s’est concrétisé, maintenant c’est Seattle.

Pourquoi? Parce que Bettman, de toute évidence, cherchait l’équilibre. Il a maintenant 32 clubs, 16 de chaque côté, deux associations bien départagées. Pourquoi, dans l’avenir, souhaiterait-il défaire ce qu’il a enfin atteint?

En effet : il ne le fera pas.

Ajouter un club à Québec, c’était prolonger le déséquilibre entre l’est et l’ouest. Et, pensez en investisseur : comment tirer profit d’une concurrence potentielle? En s’installant à l’ouest, pour tirer le jus – spectateurs, auditoires, contrats de télé, ventes de produits dérivés, etc. – qu’on peut obtenir de ce coin assez populeux du continent.

À l’est, c’est déjà pas mal… et le Canadien n’a besoin de personne. Tandis que dans l’ouest, les rivalités ont besoin d’un coup de pouce. C’est le calcul, froid et pas fou du tout, qui a été fait par les investisseurs.

Alors, vous vous sentez bernés? C’est normal, parce que c’est le cas.

On vient de gaspiller 370 millions $ d’argent public pour un club imaginaire. On vient de payer au privé une infrastructure qu’il aurait dû s’offrir à ses frais afin de faire des sous, légitimes, à la sueur de ses dollars.

On n’en est pas là.

On a vendu du rêve, on a fait payer la facture au public, tout ça pour gagner des élections. Et Québecor a signé un contrat qui fait éponger ses malheurs par nous tous.

C’est comme marquer dans son propre but en prolongation. On aura beau gémir, le match sera néanmoins perdu. C’est juste qu’on ne voulait pas voir que la partie était jouée d’avance et que nous n’étions là que pour amuser la galerie et faire monter le prix des billets.

C’est chèrement payé pour une telle leçon.

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