Enterrer le lien

Droit de cité par David Lemelin: L’arbre et le stationnementDavid Lemelin Droit de cité

Le troisième lien est un de ces sujets fascinants parce qu’il polarise complètement le public : d’une part, il y a ceux qui s’appuient sur la science et qui sont, en conséquence, certains à 100 % de son inutilité. D’autre part, il y a ceux qui veulent en finir avec la congestion et qui sont certains à 100 % de son utilité. Pourtant, malgré l’apparent cul-de-sac, sur le plan factuel, rationnel, la zone grise est inexistante : c’est clair et net.

L’essentiel du trafic concerné par la congestion aux ponts vient de l’ouest et se dirige à l’ouest. Par conséquent, un lien à l’est est futile. Trois à six milliards pour aussi peu de voitures est de la folie. Surtout que le phénomène du trafic induit nous enseigne que l’espace libéré à l’est se comblera dans le temps de le dire. On aura créé de nouveaux bouchons, sans plus. Ça, c’est sans compter le fait que l’ajout de voitures coûte très cher à la société : en infrastructures, en entretien routier, en pollution, en soin de santé, en intervention sur l’environnement, en baisse de productivité, etc.

Mais, il est évidemment plus aisé de vendre des solutions faciles, même fausses. Ça ne prend aucun courage politique.

Alors, si la raison même ne pousse pas une partie des citoyens à embarquer dans le train du transport en commun, comment l’expliquer?

Ce sont les habitudes qui s’interposent ici en redoutables adversaires. C’est compliqué, changer ses habitudes, c’est stressant, c’est incommodant. Plusieurs n’ont pas le goût.

L’ennui, c’est qu’en focalisant sur cette partie de la population, on néglige l’essentiel : la partie considérable de citoyens qui s’accommoderait volontiers d’un transport en commun très efficace. Certains commentaires affirment que 90 % des gens veulent être dans «leur char»? Je n’en crois pas un mot.

J’ai en mémoire une pétition de milliers de noms (près de 7000) qui avait été remplie en deux jours à peine, confirmant l’attrait du bus pour plusieurs. Ainsi, si on cumule les gens qui veulent vraiment prendre le bus à ceux qui seraient relativement faciles à convaincre, additionnés à ceux qui gardent malgré eux une voiture alors qu’ils préfèreraient épargner les coûts exorbitants qui l’accompagnent, à ceux qui aimeraient relaxer en se rendant au bureau au lieu de pester contre les bouchons de circulation… vous voulez parier qu’on dépasse largement le prétendu 10 % des citoyens?

Changer les habitudes de ceux qui ne veulent rien savoir est, pour le moment, une perte de temps. Changer les habitudes de ceux qui ont une ouverture à cet égard est un plan beaucoup plus intelligent et réaliste. Et répondre aux attentes de ceux qui n’attendent que cette occasion est la moindre des choses.

Compte tenu de la science, de ce que la raison nous dicte, du potentiel du réseau structurant incluant le tramway, sans oublier l’environnement et la santé publique… conclusion : le troisième lien, vaut mieux le laisser enterré.

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