Quoi qu’on dise : Ma ville est droguée

Récemment, deux choses déplorables sont arrivées en Haute-Ville. La première, c’est que la brasserie l’Inox a décidé de se multiplier et d’ouvrir une succursale «améliorée» du côté de Beauport. La deuxième, c’est que le bar le Maurice a décidé de faire son «last call».

Pour les locaux, la Grande Allée n’est plus ce qu’elle était, mais elle demeure attrayante pour les touristes. Quand un bar, jadis populaire, met un terme à ses activités, les raisons sont multiples. Parmi les causes qui furent invoquées pour motiver ces deux décisions, les taxes municipales figuraient avantageusement.

Je sais que l’Inox ne met pas la clef dans la porte de sa succursale sur Grande Allée, mais sa survie et son expansion passe dorénavant par la banlieue. Il en coûtera moins cher de construire une grosse cabane carrée sur un terrain vague à Beauport que d’acquérir et de transformer une vieille bâtisse surtaxée en ville. La brasserie perdra un peu de sa spécificité, mais elle y gagnera en augmentant sa marge de profit.

Même si le maire écarte toujours les taxes comme raison de ne pas faire affaire en ville, il faut faire de l’aveuglement volontaire pour ne pas voir qu’une majorité de commerçants les trouvent trop élevées. Depuis le temps que je patauge dans le monde municipal, j’ai compris que ma ville est un peu droguée aux augmentations de taxes. Pour assurer ses dépenses qui augmentent sans cesse, elle est dépendante de l’augmentation de la valeur des propriétés. D’un côté, elle souhaite des quartiers vivants et jalonnés de commerces de proximité, de l’autre, elle gobe avidement les revenus que lui procure l’augmentation des rôles d’évaluation.

Malgré de beaux discours, elle fait tout pour que ça continue. En fait, comme bien des junkies, la ville est dans le déni de sa dépendance. Elle veut maintenir une diversité de commerces, mais aux dernières nouvelles, rares étaient les PME qui pouvaient se permettre de payer 39 000$ de taxes par année. Il n’y a pas que sur Grande Allée que les augmentations sont violentes, toutes les artères commerciales sont touchées. Quand ça dépasse leur capacité de payer, les commerçants ferment et cèdent le terrain aux grosses chaînes. Elles deviennent les seules qui ont les reins assez solides pour se payer les artères commerciales. La ville nous dit ce qu’on veut entendre, mais ça lui prend son «fix» de plus en plus fort. Elle carbure aux augmentations de taxes.

Quoi qu’en disent les élus municipaux, les taxes commerciales représentent de plus en plus un problème et la ville ne fait rien pour réduire sa dépendance. Alors, comme tous les drogués que j’ai connus, plus elle attend, plus dur sera son sevrage et plus il coûtera cher.

Photo: Jeangagnon

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