La charrue avant les boeufs

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

Je suis un cycliste, enfin, je crois que je me qualifie comme tel. Je ne suis pas un militant qui vit 365 jours par année en vélo, mais je roule pour bouger et ça m’arrive d’aller chercher ma fille en vélo à la garderie. Par contre, en tant que cycliste, j’évite comme la peste ma 3e Avenue chérie à Limoilou et la rue du Pont dans Saint-Roch. Trop de monde, trop de voitures, trop d’activités, pas assez de place. Bref, ça ne me tente pas de passer par là!

Je transite plutôt par la piste cyclable de la 8e Avenue et j’emprunte ensuite le pont Samson pour me rendre dans Saint-Roch. L’avantage de la piste sur la 8e est qu’elle est assez bien isolée de la circulation. J’aime aussi la 4e Avenue parce qu’elle est plus large que la 3e. Je ne passe jamais par la 3e Avenue. Pour un cycliste, à mon avis, la 4e Avenue sans piste cyclable est plus praticable.

Récemment, j’apprenais que la Ville s’apprête à instaurer une zone cyclable sur les deux côtés de la 3e Avenue de même que sur la rue du Pont. Est-ce que ça va me faire passer plus par la 3e? Réponse : non! Je crains comme la peste de me faire ouvrir une porte de char dans la face par un type pressé qui va acheter du pain à la Fournée Bio, et à plus forte raison quand je trimballe ma fille de trois ans et trois quarts en arrière. Alors, ce ne sont pas des lignes blanches par terre qui vont changer ça pour moi…

Une piste sur la 3e, ça réjouit les militants, mais c’est loin de faire le bonheur des commerçants. C’est connu, plus on complique l’accès à une rue comme la 3e, plus les gens s’en éloignent pour faire des achats rapides.

À Québec, il y a quelques centaines de personnes qui choisissent de se déplacer en vélo pour aller travailler et qui le font même en hiver. La part des transports en vélo vers le lieu de travail n’est toutefois que minime dans les déplacements totaux pour l’instant.

En réalisant des choses comme cette piste cyclable sur la 3e et sur la rue du Pont, on souhaite stimuler et augmenter ces déplacements. Je n’ai rien contre un accroissement du nombre de pistes cyclables au contraire. Le problème, c’est encore une fois qu’on met la charrue avant les boeufs. La logique dit : quand les vélos sont plus nombreux, on leur donne plus de place. Dans le monde normal, les infrastructures arrivent quand la demande est là. Oui, il faut continuer d’améliorer le réseau cyclable. Tous les nouveaux quartiers comptent désormais de belles et vastes pistes cyclables. Dans les quartiers centraux, on devrait d’abord investir à améliorer celles qui sont là et qui font parfois plutôt dur, avouons-le.

On pourrait juste mieux asphalter les pistes qui existent déjà, comme celle de la 8e Avenue et de les isoler d’avantage de la circulation, ça serait déjà ça de gagné. En plus, ça ne ferait pas peur aux commerçants du centre-ville qui sont déjà souvent en manque de clients.

1 commentaire sur "La charrue avant les boeufs"

  1. En partant, les cyclistes à Québec, c’est pas mal plus que «quelques centaines». C’est plusieurs milliers.

    Pour le monde qui veulent aller magasiner dans Limoulou à vélo, un détour par la 8ème avenue ou la 4ème avenue est hors de question. À l’heure actuelle, comme vous le notez, c’est dangereux. Une piste cyclable sur cette rue va sans aucun doute améliorer ça. En prime, ça se fera sans enlever de stationnement pour les automobilistes.

    Je ne sais pas de quoi au juste vous vous inquiétez. C’est très douteux que quelques marques blanches sur l’asphalte ralentirait les gens pressé de se stationner et rendrait la rue moins attractive pour les automobilistes. Mais c’est certain qu’elle rendra la rue plus attractive pour les cyclistes.

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