Résigné à pelleter

Quoi qu'on dise par Martin ClaveauMartin Claveau (Photo : archives Carrefour de Québec)

L’an dernier à la même époque, je me plaignais du déneigement. Eh bien, cette année, rien n’a changé et je me plains toujours. Mon problème, c’est que lorsqu’ils ramassent la neige et que ça nécessite plus d’une journée, les déneigeurs repoussent toujours les surplus de neige du même côté de la 3e Rue à Limoilou, le mien. Parfois, cette montagne glacée monte jusqu’à trois pieds et demi de haut, après une nuit de déneigement. J’ai donc la joie de devoir repelleter le matin pour sortir de chez moi, après avoir dû le faire pour réussir à y entrer la veille. Je l’avoue encore, je suis profondément jaloux de mes voisins d’en face qui n’ont jamais à affronter ce «remblai» du matin.

Ce n’est pas de déneiger qui me choque, ça fait partie de la vie en contrée nordique. Ce qui est frustrant, c’est de rester du côté maudit de la rue. À la suite de mon texte, l’an dernier, quelques citoyens m’avaient contacté pour se plaindre de cette flagrante injustice. J’ai réalisé que je n’étais pas seul. Ne sachant pas trop quoi faire, j’ai alors contacté ma conseillère municipale, Suzanne Verreault pour lui expliquer la situation. Gentille et à l’écoute, comme un parent peut l’être quand il écoute son enfant lui parler de ses problèmes de cour d’école, elle m’a dit que ça n’avait pas de bon sens, qu’elle ferait un suivi et qu’elle me rappellerait après avoir obtenu une réponse à ma question. Un an plus tard, j’attends toujours son appel. J’aurais bien sûr pu la harceler un peu plus, mais je me suis résigné et j’ai fini par admettre le «remblai» du lendemain comme une fatalité. La ville n’aime pas les gens qui habitent du côté pair de la 3e Rue comme moi.

Parfois, durant les nuits de déneigement, je peine à trouver le sommeil et je me demande en boucle: «Pourquoi la ville n’alterne-t-elle pas de côté où elle envoie la neige? Il me prend aussi parfois l’envie d’ensevelir des sacs de vidanges contenants les couches de ma fille dans le banc de neige en face de chez moi. Le matin venu, je n’ai toutefois pas le temps de me m’apitoyer sur mon triste sort, car je dois pelleter pour sortir de chez moi… Pendant que mes voisins d’en face en sont dispensés. Quel monde injuste!

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